Mon bel orage. Héloïse COMBES

Publié le 21 Juillet 2016

Mon bel orage. Héloïse COMBES

Mon bel orage

Héloïse COMBES

Éditions de la Rémanence, collection « Regards », octobre 2015.

106 pages

Thèmes abordés : Adolescence, Collège, amour interdit, quête d’identité, souvenirs.

D’abord conquise par son quatrième de couverture, j’ai lu très vite ce roman dont les mots, peut-être plus que le sujet, m’ont happée.

Court, singulier, il dérange un peu mais il imprime sa marque grâce à une écriture fine, empreinte de poésie, d’images et d’odeurs.

Héloïse Combes nous raconte une histoire d’amour, impossible, interdite, magnifique et tragique, entre une adolescente et son professeur d’arts plastiques.

La vie, la vilaine, la magnifique nous avait choisis parmi son armada de marionnettes humaines, un matin de novembre noir et mouillé. Elle avait soufflé son souffle prodigieux qui nous poussait l’un contre l’autre et qui allait nous emporter comme deux pantins perplexes, nos yeux clignotants, aveuglés par tant de lumière, nos cœurs cognant un peu trop fort comme ceux des oiseaux qu’on attrape et qu’on serre au creux de la main, de petits coups terrorisés – laissez-moi m’envoler, laissez-moi m’envoler…

Page 49

Lella, 14 ans, rousse et rebelle, traîne ses doc Martens et son ennui désabusé dans les couloirs de son collège, embrasse tour à tour son amie Margot dite l’alcoolo ou les jumeaux aux prénoms non moins jumeaux Jules et Julien, fume derrière une haie, sèche…

Elle n’imagine pas un instant que sa routine complaisante puisse se trouver perturbée un morne et pluvieux matin de novembre par des yeux de mer qui l’emporte.

Derrière ce regard azur, pourtant déjà vu maintes fois auparavant, Marius Gracq, la cinquantaine, chemise à carreaux et éternel gilet de cuir.

Dès lors naît un besoin d’être près et avec lui, des mots mais surtout des silences échangés autour d’un verre de vin dans le préfa du collège, puis des balades dans la campagne environnante…

Et toujours ce délicieux frisson de l’inconnu et de la liberté.

Gracq n’appartenait pas, ne pouvait pas appartenir à la société des braves gens, à mes yeux il ne le pouvait pas, n’en avait pas le droit. Il était un ogre, un géant. Gracq, cet ogre dans son atelier bordélique. Gracq, ce géant de lumière faisant surgir d’un placard une bouteille cachée en explosant d’un rire tonitruant.
Ce géant d’ombres parfois, qui se tasse et se tait. Gracq, ce poète qui dit Lella en faisant sauter les deux l sur le bout de sa langue, Lella colombe qui s’envole de sa bouche les jours heureux, ou Lella neige chuchoté à la lisière de ses lèvres, ses yeux si tristes et si doux ces jours-là que le cœur se défait.

Page 36

Une relation pure mais interdite, des rumeurs qui se murmurent, une interpellation ratée et une fuite…

Une échappée faite « d’amour et d’eau fraîche », de soleil et de nature, en voiture puis dans une maison délabrée au cœur du Berry, lors d’un été chaud et orageux. Mais la réalité les rattrape, à moins que ça ne soit les souvenirs.

J’ai ressenti ce roman comme un souvenir raconté, à la fois vivace et brisé, et sur lequel une vie nostalgique s’est construite.

Une ode à la nature et à l’innocence mais qui ne peut convenir au monde, et dont ma raison s’est retrouvée plusieurs fois confrontée : le vin bu dans l’enceinte du collège, cette relation interdite, l’absence de la mère et des autres en général mais que l’on devine présents, floutés, une campagne presque vide et sauvage, des rencontres étranges…

Un univers qui résonne en nous.

Parce que les livres qui nous ont marqués ne nous quittent jamais et parce que la littérature, tel le poids des années, confronte, façonne et enrichit, celui qui écrit, celui qui lit, nous éditons des romans, des biographies et des récits, qui, axés sur la psychologie et les cheminements individuels, retracent des parcours ou des tranches de vie significatifs.

Tel est le parti pris des Éditions de la Rémanence (que je remercie vivement), qui me touche particulièrement et que ce roman illustre parfaitement.

Héloïse Combes est née en 1981 à Montpellier. Elle partage sa vie entre le sud de la France et le Berry, où elle puise son inspiration empreinte d’amour de la nature et de quête de la lumière. Chanteuse, auteur-compositeur, écrivain et photographe, elle est l’auteur de plusieurs livres parus et à paraître chez divers éditeurs. Mon bel orage est son premier roman en littérature générale.

Ce roman participe à trois challenges :

challenge rl jeunesse

challenge 1gm

Belles lectures,

Blandine.

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Commenter cet article
N
Ce roman me fait penser à la chanson mythique de Cabrel que j'aime beaucoup, L'encre de tes yeux <3<br /> Merci pour cette belle découverte et pour votre ressenti aussi, c'est émouvant de vous lire.<br /> Belle soirée Blandine !
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B
Oh j'aime beaucoup cette chanson aussi <3<br /> Merci pour vos mots, belle soirée à vous!