Cheval de guerre. Michael MORPURGO - 2004 (Dès 12 ans)
Publié le 27 Juillet 2016
Cheval de guerre
Michael MORPURGO
Traduit par André DUPUIS
Illustration de couverture par Pierre-Marie VALAT
Illustrations intérieures par Willi GLASAUER
Éditions Gallimard, collection "Folio Junior", novembre 2004. (Première édition en français, octobre 1986 – Angleterre, 1982)
182 pages
Dès 12 ans
Thèmes abordés : Première Guerre mondiale, Angleterre, cheval, combats, amitié.
J’ai bien aimé ce roman qui nous plonge dans l’enfer de la Première Guerre mondiale, côté anglais civil français et allemand, en adoptant un style narratif inattendu et original.
En effet, le personnage principal n’est pas l’Homme, mais bien le cheval, et c’est lui que l’auteur fait parler, racontant ses souvenirs avec ses sentiments, ses peurs, ses émotions, ses amitiés et rencontres.
Ce cheval, un magnifique bai-roux, à la crinière et queue noires, à l’étoile blanche sur le front et aux quatre balzanes exactement assorties, s’appelle Joey.
Arraché à sa mère à six mois, il est acheté sur un coup de tête par un fermier, alcoolique et bourru, dont le fils, Albert, 13 ans, va s’occuper.
Il le dresse pour les travaux des champs, et s’entraîne peu à peu à le monter, il le bichonne et lui parle. Le temps passe, les rumeurs de guerre enflent, et quand elle éclate, elle n’impacte pas de suite leur quotidien. Mais le père d’Albert craint ses conséquences (la perte de sa ferme, seul héritage pour son fils) et décide de vendre Joey à l’armée, contre une jolie somme.
Commence alors pour Joey une toute autre sorte d’entraînement en vue de son affectation dans la cavalerie : obéir aux ordres, apprendre à supporter le poids d’un homme, en plus de tout l’harnachement, adopter différentes vitesses, tourner dans le manège…
Et c’est lors de sa première rencontre avec l’ennemi que Joey fait la connaissance de Topthorn, un grand étalon d’un noir luisant, et avec qui il va passer l’essentiel de la guerre.
Seuls quelques chevaux atteignirent les barbelés ; parmi eux, Topthorn et moi. Il y avait bien quelques trous ouverts dans les barbelés par notre bombardement en sorte que quelques-uns d’entre nous réussirent à se frayer un passage. Nous tombâmes enfin sur les tranchées ennemies : elles étaient désertes. Les tirs provenaient à présent de plus haut : du milieu des arbres ; aussi, l’escadron, ou ce qu’il en restait, se regroupa et s’enfonça au galop dans le bois, pour se trouver seulement confronté à un réseau de barbelé dissimulé parmi les arbres. Certains chevaux vinrent se jeter dessus avant qu’on pût les arrêter. Ils y restèrent accrochés, tandis que leurs cavaliers essayaient fébrilement de les dépêtrer de là.
Ensemble, ils vont subir l’épreuve du feu, de la mort, être faits prisonniers, tirer une ambulance pour les Allemands, être soignés par une petite-fille, Emilie, et son grand-père français. Ils sont aimés et complimentés mais la guerre les rattrape et les renvoie sur le front pour tirer des canons lors d’un hiver particulièrement rigoureux et boueux.
Le ravitaillement est quasi impossible, le soin inexistant, la peur omniprésente, tout comme les bruits, le stress, la mort. Topthorn disparaît, Joey est seul, il se perd, manque mourir…
Je me remis à courir, je m’enfonçai dans la nuit en courant ; je manquai fréquemment de tomber dans les fossés et les haies, jusqu’au moment où les champs furent sans herbe et les arbres se simples moignons se détachant sur l’horizon en feu. Partout, je rencontrai maintenant de grands cratères pleins d’une eau noire et stagnante.
En sortant d’un pas mal assuré de l’un de ces cratères, j’allai me jeter lourdement sur un rouleau de barbelé invisible, qui commença par accrocher ma jambe de devant, puis la prit au piège. En donnant comme un fou des coups de pied pour me dégager, je sentis les pointes s’enfoncer et me déchirer.
Dès lors, je ne fus plus capable que d’avancer lentement, en boitant, et je tâtai le terrain devant moi. Même dans ces conditions, je dus faire des kilomètres.
Et c’est dans ce chaos indescriptible, cette fureur que, la plus improbable, impensable, des rencontres va se faire pour Joey.
Il retrouve Albert, qui s’est engagé dans l’armée dans le seul et unique espoir de le retrouver. Mais les deux amis ont encore d’autres combats d’autres natures à mener avant de pouvoir rentrer au pays…
Avec ce roman, Michael Morpurgo nous fait prendre conscience que la guerre, voulue, menée, subie par les Hommes, n’est plus seulement humaine. Son impact et son emprise s’exerce sur tout, absolument tout, autour d’elle.
La cavalerie, arme noble et de prédilection se voit remisée dès le début du conflit car totalement inexploitable à cause du développement de l’artillerie. Dès lors, les chevaux doivent servir à autre chose.
Quelque soit la nationalité des humains croisés et leur rôle dans ce conflit, quasiment tous aiment les chevaux et se préoccupent de leurs conditions de vie, ou plutôt de survie. Les soldats et vétérinaires qui les soignent et s’occupent d’eux les considèrent comme des camarades et comme des combattants à part entière, et qui comme eux, méritent de rentrer au pays. Mais lorsque celle-ci est finie, c’est leur valeur marchande qui reprend le dessus, et l’on comprend entre les lignes les différences de traitement que les Français ou Anglais exercent à l’encontre du cheval.
Ce roman a été adapté au cinéma par Steven Spielberg, sorti sur les écrans français en 2012, et dont la bande-annonce me donne des frissons.
Je ne l’ai pas encore vu.
Cheval de Guerre - Bande Annonce VF - Au cinéma le 22/02/2012
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http://vivrelivre19.over-blog.com/2014/11/voir-differemment-la-premiere-guerre-mondiale.html
Je vous ai présenté d’autres livres de Michael Morpurgo sur le blog :
- La trêve de Noël, album illustré par Michael Foreman.
- Soldat Peaceful. Un énorme coup de Cœur.
Belles lectures et découvertes,
Blandine.
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