La Fameuse Invasion de la Sicile par les ours. Dino BUZZATI (Dès 9 ans)
Publié le 30 Juin 2016
La Fameuse Invasion de la Sicile par les ours
Texte de Dino BUZZATI
Illustration de couverture de C LAPOINTE et intérieures de Dino BUZZATI
Editions Gallimard, collection "Folio Junior", mars 2003. (Italie 1965, et première fois en France en 1968)
168 pages
Dès 9 ans
Thèmes abordés : Sicile, légende, pouvoir, famille, amitié, quête, retour à la/sa nature.
De Dino Buzzati, je n’ai lu que Le désert des tartares il y a longtemps (et que j’avais aimé) et ignorais qu’il avait écrit pour la jeunesse. Je le découvre donc avec cette histoire aux allures de conte, devenue légende au fil des siècles…
A la manière d’une pièce de théâtre, l’auteur nous décrit en guise de préambule et non sans humour, les personnages, aux noms évocateurs ou rigolos, et décors de cette fabuleuse prise de pouvoir des ours sur les Hommes.
-Comment, monsieur, dit-il aimablement, vous l’ignorez ? Ce sont les vestiges d’une antique statue. Vous voyez ? Autrefois, dans la nuit des temps… »
Et il se mit à raconter.
Dans une Sicile lointaine et qui n'est plus, aux montagnes encore hautes et fières, les ours quittèrent leurs montagnes pour les plaines habitées par les Hommes, lors d’un hiver particulièrement rigoureux.
Menés par leur Roi Léonce, ils rencontrèrent et défirent les armées du Grand-Duc, tyran et ennemi des ours. Mais l’objectif était double pour Léonce qui gardait en lui le secret espoir de revoir son fils, Tonin, enlevé quelques années auparavant par des chasseurs. Ce dont il n’avait parlé à personne, par honte.
La bataille fut gagnée, non sans l’intervention d’un magicien double aux pouvoirs comptés qui les entrainera à la rencontre de créatures plus ou moins hostiles ou extraordinaires avant de retrouver Tonin en ours de foire, puis de créer un royaume d’entente entre tous.
Malgré cela, au bout de treize années, le Roi Léonce ne put que constater la décrépitude de son peuple : des ours devenus vaniteux, prétentieux et dictés par le paraître.
Une chose agaçait particulièrement le Roi : au lieu de se contenter comme autrefois, de leurs belles fourrures, la majorité des ours endossaient à présent des vêtements, des uniformes et des manteaux copiés sur ceux des hommes, s’imaginant être ainsi plus élégants, sans se rendre compte qu’ils se couvraient de ridicule.
Pire encore, l’appétit du pouvoir, l’ambition rongeaient les cœurs et les duperies, mensonges, vols et coups bas commencèrent à diviser le Royaume et plus encore les ours.
Dès lors, le Roi Léonce, tour à tour aidé ou manipulé, dut mener une bataille intestine aux accents fratricides pour la survie de son peuple.
Survie qui n’est possible qu’avec un retour à leur nature, dans le sens double du terme : dans les montagnes avec leur condition d’ours.
Ours et Hommes ne sont pas faits pour vivre ensemble. Mais par la faute de qui, de quoi ?
Cette lecture attrayante alterne les styles narratifs, en prose comme en vers, et cherche à nous mettre en garde contre la dangerosité et la perversion que le pouvoir entraîne, qui que l’on soit. Cela confère beaucoup de rythme et de vigueur à ce récit, ponctué de nombreux clins d’œil et anecdotes.
Un boulet part, vertical
Et dessus, comme sur un cheval,
Un ours à califourchon
Qui jaillit tel un bouchon,
(Idée reprise d’ailleurs, sur une autre scène,
Par le fameux baron de Münchhausen)
Cette édition est enrichie d’un supplément qui comprend des jeux, questionnaires mais aussi pistes de réflexions pour poursuivre celle initiée par l’auteur. C’est un concept que j’aime beaucoup.
Ce titre participe à trois challenges :
A celui d’Eimelle « Il viaggio », consacré à l’Italie, et pour ce mois de juin, à la Sicile particulièrement.
À celui de Cajou pour sa Coupe du monde des Livres 2016.
Gardien de but
Et à celui de Sandra du blog Accros à la Lecture pour son Challenge Eté 2016, et pour lequel je dois encore vous présenter ma PAL d’été.
Belles lectures et découvertes,
Blandine.
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