Ma plus belle victoire. Gilles TIBO et Geneviève DESPRES (Dès 5 ans)
Publié le 28 Mai 2016
Ma plus belle victoire.
Texte de Gilles TIBO et illustrations de Geneviève DESPRES.
Editions Québec-Amérique, 2015.
48 pages
Dès 5 ans.
Notions abordées : Peurs, confiance en soi, grand-père, parler, transmission, quête initiatique.
Cet album chapitré fait parler Mathieu, un petit garçon qui a été confronté à LA Peur.
Elle est maligne la Peur, elle est sournoise, elle sait se faire oublier pour mieux revenir. Elle est multiforme et peut être petite ou bien grande, s'expliquer ou demeurée inconnue, comme un sentiment vague mais tenace.
Elle nait puis se nourrit des circonstances : animal, orage, accident, école, noir, guerre, maladie.
Tel un ogre, son appétit est insatiable
La Peur m’habitait à chaque heure, à chaque minute, à chaque seconde. Je ne pouvais plus me cacher nulle part. Les Peurs s’approchaient, à pas de loup, pour me dévorer. Elles me mordaient la tête, les poumons, le ventre… Elles circulaient comme des serpents à l’intérieur et à l’extérieur de moi. Je ressemblais à une passoire pleine de trous.
Mathieu n'arrivait plus à faire face.
Ses peurs l'envahissaient, le rongeaient, l'étouffaient et l’isolaient, dangereusement.
Alors un jour, il a fallu qu’il parle.
Et avec ses mots, les peurs se sont faites plus petites et des révélations se sont faites.
Ce sont les victoires de Mathieu qui, par étapes, le libèrent de ses Peurs, ou plutôt de la peur de la peur.
Car il apprend que tous ont peur. Des petites, des grandes, des similaires, des absurdes, des impalpables… Même son papa, même sa maman, même son grand-père.
Il y a la parole, mais il y a aussi l’écrit.
Et son grand-père, qui a peur d’oublier ses beaux souvenirs, lui souffle alors l’idée de toutes les écrire et de les enfermer dans une enveloppe.
Mais Mathieu va plus loin encore et sa plus belle victoire donne à ce récit une tonalité vraiment optimiste, et même émouvante. Et qui donne envie d’être suivie, de faire de même.
J’ai vraiment été conquise par cette histoire, dont la dédicace, émouvante, ne laisse pas présager de l’universalité du propos délivré par Mathieu. "Pour tous les combattants du cancer, petits et grands." G.D.
Le temps de narration est judicieusement choisi : au passé pour démontrer que même avec la peur, on peut aller de l’avant, et qui lui confère une teinte de témoignage.
Et les mots. Des mots-images, des métaphores : J’ai bu un immense verre d’eau pour la noyer. Mais la peur savait très bien nager. (Page 14)
Ils sont complétés à merveille par des illustrations, très douces et évocatrices, dans lesquelles les peurs, brouillonnes, sont figurées en bleu, couleur froide. Elles m’ont immédiatement fait penser, en code couleur miroir, à celles de Grosse colère de Mireille d'Allancé, et dont la solution est similaire.