J'étais derrière toi. Nicolas FARGUES
Publié le 29 Mai 2016
J'étais derrière toi.
Nicolas FARGUES.
Editions Folio, octobre 2007.
242 pages
Thèmes abordés : couple, amour, (in)fidélité, Italie.
J'avais envie de relire ce roman, lu il y a quelques années, bien qu'il m'ait laissé une impression mitigée. Je me souviens que c'était la couverture et ces quelques mots en italien "Ero diero di te" [J’étais derrière toi] qui m'avaient décidé à l'acheter, avant la 4e de couverture.
Que voici: C’est dans la trentaine que la vie m’a sauté à la figure. J’ai alors cessé de me prendre pour le roi du monde et je suis devenu un adulte comme les autres, qui fait ce qu’il peut avec ce qu’il est. J’ai attendu la trentaine pour ne plus avoir à me demander à quoi cela pouvait bien ressembler, la souffrance et le souci, la trentaine pour me mettre, comme tout le monde, à la recherche du bonheur. Qu’est-ce qui s’est passé? Je n’ai pas connu de guerre, ni la perte d’un proche, ni de maladie grave, rien. Rien qu’une banale histoire de séparation et de rencontre.
Intriguant et intime résumé mais qui ne relate qu’un triste mais commun fait de couple : le long déclin d’un amour que l’on pensait inébranlable suite à un léger flirt puis les infidélités, la peur de l’autre, de l’inconnu, les douleurs et la renaissance par l’amour.
Si l’idée est bonne, la forme l’est beaucoup moins.
Le narrateur nous prend nous, lecteurs, à témoin. Il nous parle, nous tutoie dans un long monologue en monobloc, lourd et assez indigeste. Pas de chapitres, pas de saut de lignes, de très longues phrases, de nombreuses répétitions dans les mots et les idées, et beaucoup de stéréotypes.
Le narrateur est un trentenaire, père de deux enfants et marié avec Alexandrine, une femme au fort caractère. Bien que pensant être très amoureux d’elle, il a connu un léger flirt avec une chanteuse déclenchant une spirale infernale : doute, jalousie et violences. Alexandrine le lui fait payer au prix fort, physiquement et psychologiquement, s’arroge le droit de lui rendre la pareille en le cocufiant vraiment et en lui faisant du chantage.
Et lui, toujours dans un entre-deux, fait « un pas en avant pour deux en arrière », (selon une expression qu’il emploie très fréquemment), s’excuse sans cesse pour tout, pour rien. Il frime, s’apitoie sur son sort avant de faire preuve d’un machisme répété, et à l’esprit sexuel exacerbé.
Et l’Italie dans tout ça ? Elle symbolise pour le narrateur le nouveau et le renouveau, la vie, tous les possibles, avec comparaisons et clichés permanents.
Je ne veux pas faire le procès de la France, non. J’adore mon pays, je suis bien content d’être français, mais je suis critique, c’est tout. Et je pense qu’il faut arrêter de nous raconter des salades sur le poids de notre influence dans le monde, c’est tout. Et même sur la qualité de notre cuisine. Tiens, je vais finir par devenir lourd, mais t’as pas remarqué qu’en Italie, les mauvais restos sont rarissimes ? La proportion de bons et mauvais restos me paraît exactement inverse qu’en France. En Italie, non seulement t’es généralement mieux reçu qu’en France, mais en plus t’es quasi certain de bien manger. Dans la première trattoria venue, les pâtes, les pâtisseries, le café, la cuisson de la viande, les fruits de mer, tout ça c’est bon. Alors qu’en France, la brasserie du coin, on est d’accord, c’est du foutage de gueule : pain dégueulsasse, salade plastifiée, vinaigrette translucide, steak-frites bâtard, carafe merdique, serveur qui se la joue et te fait l tronche. Non ?
C’est avec une carte bristol apportée par un serveur que commence le roman. Une petite phrase, un numéro et un prénom, Alice, sont écrits dessus. Nous sommes à Romanze, ville fictive mais au nom très évocateur, où le père du narrateur vient d’acheter une maison.
C’est ainsi que commence sa relation extraconjugale, à lui, son secret, avec une jeune femme pétillante. Elle est son miroir, son écho, lui rappelle sa latinité. Leur histoire se prolonge par téléphone, mail et longues lettres, se termine, reprend, s’arrête, continue… jusqu’à Monte, où habite la belle.
Le roman commence avec son arrivée en Italie, le cœur lourd et se conclut six mois plus tard, le cœur léger.
Je comprends à présent l'impression qui m’était restée. Le roman est long et même s’il se lit assez vite, il gagnerait vraiment à être amputé de quelques parties. Il paraît que ce n’est pas le meilleur livre de l’auteur, je l’espère. Je lirai un autre de ses titres si l’occasion m’en est donnée.
Ce roman participe à mon « Challenge des RE 2016 » ainsi qu’à celui d’Eimelle « Il viaggio », consacré à l’Italie.
Belles lectures et découvertes,
Blandine.
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