Géant. Jo HOESTLANDT - 2014 (Dès 9 ans)
Publié le 8 Mai 2016
Géant
Jo HOESTLANDT
Illustrations de Thomas BAAS
Editions Les Incorruptibles avec l’aimable autorisation des Editions Magnard Jeunesse, août 2015. (août 2014)
112 pages.
Dès 9 ans.
Thèmes : Mort, déménagement, famille, amitié, passion, antisexisme.
Article écrit à 4 mains avec ma fille, Ambre, 11 ans.
Contrairement à ma fille, la couverture de ce roman ne m'attirait pas plus que ça. Et c’est bien dommage car son histoire, sensible, m’a beaucoup plu.
Ce roman nous parle de deuil, de rencontres, de reconstruction, de mémoire et de rêves au-travers du personnage de Louis.
Jeune berger, il conduit chaque jour avec son père, Martin, leur troupeau de brebis au-travers des marais aux reflets verts et mauves. Son destin lui semble tout tracé, pris dans la tranquille, mais non monotone, foulée de leurs échasses, plus près du ciel que de la terre.
Fils de géant, il se disait qu’un jour, il égalerait son père, et peut-être même le dépasserait… Même si, comme ajoutait Martin un peu mystérieusement :
-On mesure les vrais géants non à la hauteur de leurs jambes mais à celle de leur cœur.
(…)
Mais le destin, parfois, est d’une grande cruauté envers les enfants, et les histoires sont pleines de ces destinées que la mort d’un parent vient frapper. Louis ne lisait pas ces histoires, mais elles l’ont rattrapé.
Elles l’ont rattrapé avec la mort brusque et silencieuse de son père. Désormais, Louis et sa mère vivent en ville, au dernier étage d’un immeuble, plus proches du ciel étoilé, confiné par la lucarne.
Louis travaille pour aider sa mère, se fait des copains, ne cherche pas à se souvenir et va peu à l’école.
Et puis un jour, une famille s’installe dans l’appartement voisin. Il y a Josef le père, Sofia une fille du même âge que lui, aussi vive que sa sœur, Maria, est effacée. Elle ne parle qu’à ses poupées dans un langage silencieux qui n’appartient qu’à elle.
Il n’y a pas de mère.
Sofia et Louis deviennent amis et se complètent bien. Elle est exubérante et bavarde, il est réservé et un brin naïf. Elle lui parle de ses rêves qui deviennent des projets : monter une pièce de théâtre.
Et il s’interroge, et les siens alors ? Les rêves ne sont-ils pas que pour les enfants ?
Ils s’entraident, il retourne à l’école, comprend que l’on peut devenir un géant de multiples façons et que l’Histoire en comporte plein.
Et c’est par une froide matinée enneigée que les sourires et les mots reviennent.
Enfin.
Avec beaucoup de poésie et de douceur, Jo Hoestland nous parle de la multiplicité et de l’équilibre de la vie, sous toutes ses facettes. Morts et renouveaux, place des filles et des garçons, rôle de l’école et place dans ce monde…
Alors que Louis se fait assez difficilement à cette nouvelle vie, sa mère semble à l’inverse s’épanouir et se satisfaire de sa nouvelle vie sociale, dont Josepf devient vite un point central. Ce qui augure un autre aspect du roman, bien que non exploité : la recomposition familiale.
A l’inverse de ma fille, je me suis interrogée tout au long de ma lecture sur l’époque dans laquelle l’auteure avait pu situer son récit. Louis va peu à l’école, il travaille jeune (bien qu’on ne sache pas son âge), les prénoms de la famille d’à côté et les quelques descriptions me font pencher pour l’après seconde guerre mondiale.
Et le personnage, secondaire, de Maria m’a davantage touchée que les deux principaux. C’est peut-être parce qu’elle est auréolée de mystère…
Ce roman sensible participe au Prix des Incorruptibles, sélection CM2/6e ainsi qu’au Challenge que Lucie du blog Un petit bout de bib organise autour.
Je vous ai présenté d’autres livres écrits par Jo Hoestlandt sur le blog:
- Le voyage extraordinaire de Petit Pierre, album illustré par Charles Dutertre.
- La cave aux oiseaux, album illustré par Bruno Gibert, d’après le poème Liberté de Paul Eluard.
Belles lectures et découvertes,
Ambre et Blandine.