14-14 de Silène EDGAR et Paul BEORN - 2014 (Dès 11 ans)
Publié le 18 Mai 2016
14-14
Centenaire de la Première Guerre mondiale, l'histoire d'une correspondance entre deux personnages de 1914 et 2014.
Texte de Silène EDGAR et Paul BEORN.
Editions Castelmore, avril 2014.
352 pages.
Dès 11 ans.
Thèmes abordés : Première Guerre mondiale, famille, amitié, distance temporelle, école, relation épistolaire.
Sensible à tout ce qui a trait à la Première Guerre mondiale, j’avais remarqué ce roman, et sa très belle couverture, sur la blogosphère (ICI) avant qu’il ne soit sélectionné pour le Prix des Incorruptibles 2015-2016 et avais grand hâte de le lire.
Son titre renseigne sur sa teneur: deux jeunes garçons d'environ 14 ans, prénommés Hadrien (1914) et Adrien (2014) s'écrivent des lettres à partir du 1er janvier.
Ce qui ne devait être qu'un poli, banal et surtout bref échange de vœux pour la nouvelle année entre deux supposés cousins plus qu'éloignés se transforme bien vite en un échange nourri d'impressions, d'amitié, de sentiments et de confidences.
Comment ? Grâce à un peu de magie !
Une boîte aux lettres jaune apparue en 1914, et une autre bleue en 2014.
Bien sûr, chacun a remarqué cette étrangeté, tout comme les timbres non oblitérés et ce qu’ils représentent, le nom de leurs rues respectives (Jean Jaurès en 1914 ?!), leur nom de famille, et le langage soutenu du premier et le vocabulaire du second (baskets, Sécu…) mais ils mettent un peu de temps à comprendre que cent ans les séparent.
Il [Adrien] a la tête pleine de ces gens qu’il essaie d’imaginer : ce Jules qui ne veut pas travailler, ce menteur de Lucien qui lui cherche des ennuis en classe, et ce père qui ne veut pas qu’il fasse des études ! Il a vraiment de drôles de parents, le cousin. La mère d’Adrien, elle, c’est le contraire.
(…)
Dire qu’Hadrien habite à Corbeny, un village tout près de chez lui ! Leurs univers sont tellement différents… Il a une impression bizarre, comme si son cousin était à l’autre bout du monde au lieu d’être à vingt kilomètres. Ce soir, il ira sur Facebook pour voir s’il a un profil.
Leur relation épistolaire est construite en miroir autour de leur vécu scolaire, familial, amical et amoureux, ancré dans leur époque à chacun bien sûr.
Ainsi, le lecteur se représente tout ce qui a pu changer en cent ans, ou non ! Les progrès, les relations dans les familles et entre les gens, leur manière de communiquer. J’aurais aimé trouver plus de vocabulaire ou expressions de 1914, bien qu'on lise des tournures de phrases désuètes employées par Hadrien.
L’un des grands aspects de ce roman concerne l’école.
En 1914, elle est une chance et un espoir. Seuls les meilleurs peuvent prétendre continuer leurs études grâce à une bourse, surtout dans les campagnes où le legs d’une terre est considéré comme une vraie richesse. Alors qu’en 2014, elle est synonyme d’ennui, de corvée et de mensonge sur l’avenir car elle ne semble plus ouvrir le champ des possibles.
Il [Hadrien] prend soin de ne pas déchirer le timbre, afin de le donner au maître. Il lit les premières lignes avec avidité. Lui aussi est content qu’ils s’écrivent. Il aimerait également lui parler « pour de vrai ». Par contre, il ne comprend pas bien ce que c’est qu’une « adresse e-mail » ? Et puis, c’est quoi cette historie de donner son « numéro » ? Il parle du numéro de la rue ?
Ce cousin est étrange, parfois il lui semble qu’il vit dans un autre monde. Reprenant sa lecture, il soupire. Adrien est triste. Même défaitiste. Sur le coup, ça l’énerve. Il a soudain une grosse envie de le secouer, de le voir réagir. L’école c’est important tout de même ! Et pourquoi est-il aussi grossier avec sa mère ? Jamais il n’oserait dire, et encore moins écrire, quelque chose d’aussi vulgaire.
Page 128.
Le point central est la perception de la Première Guerre mondiale : A venir pour Hadrien, le programme d’histoire-géo et les commémorations pour Adrien.
Dans sa campagne du Nord Pas de Calais, à Coberny, Hadrien, ses parents et même son maître d’école n’ont que peu d’échos de la guerre qui se prépare. Ses exercices à l’école ne semblent ni « revanchards », ni axés sur l’Alsace-Lorraine comme ce fut le cas à Paris. Ce qui importe, ce sont les moissons à venir, surtout après deux années de sécheresse.
Pour Adrien, cet évènement est si lointain que presque inintéressant, insignifiant. Mais il va se rendre compte combien ce conflit résonne encore aujourd’hui.
Une attention toute particulière a été apportée à l’objet-livre : une très belle couverture, aux couleurs passées et papiers jaunis.
L’intérieur n’est pas en reste avec plusieurs polices d’écriture selon qui écrit et comment : lettres, SMS… et avec des reproductions de documents d’époque : photographies, pages de manuel, cartes…
Malgré quelques éléments non creusés (le fait de changer ne serait-ce qu’une infime partie du passé a forcément plusieurs impacts sur le futur), j’ai beaucoup apprécié cette lecture, fluide, très prenante qui nous parle d’amitié et de la guerre au-travers de deux personnages attachants.
Ce roman participe donc au Prix des Incorruptibles, sélection 5e/4e, à mon Challenge autour de la Première Guerre mondiale ainsi qu'au "Petit bac 2016" d'Enna, pour ma 6e ligne, catégorie Ponctuation.
Retrouvez d’autres avis sur ce roman : Bidib, Bouma, Lirado.
Belles lectures et découvertes,
Blandine.
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