Une voix en nord. Véronique PETIT (Dès 10 ans)

Publié le 20 Avril 2016

Une voix en nord. Véronique PETIT (Dès 10 ans)

Une voix en nord.

Véronique PETIT

Illustration et graphisme de couverture : Gwen KERAVAL et Jean-François SAADA.

Éditions les Incorruptibles avec l'aimable autorisation d'Oskar Editeur, octobre 2015. (novembre 2013)

112 pages.

Dès 10 ans.

Thèmes abordés : peurs, chant, passion, école, illettrisme, amitié, famille, estime de soi, mono parentalité.

Article écrit à 4 mains avec ma fille, Ambre, 11 ans.

Lorsque nous avons reçu notre sélection CM2/6e pour le Prix des Incos en famille, nous avons été toutes deux attirées par ce titre, très accrocheur, et par sa couverture. Un filet de voix et des lettres en suspension dans des tons rétro...

Ce roman nous raconte comment Marco, un garçon de huit ans, a su dépasser ses peurs avouées ou inconscientes.

Marco ne sait pas lire.

Les mots le paniquent et le bloquent. Les lettres se mélangent dès qu’il en voit, et pire dès qu’il doit les lire, à voix haute, devant la classe et le regard, fatigué, de son maître Mr Lepers, surnommé Obélix.

Pourtant il aime les entendre.

Quand son grand frère David lui parle, lui lit des histoires, lui explique des mots compliqués.

Ou mieux, quand ils sont chantés.

Marco adore la musique, connaît par cœur les chansons de Johnny Hallyday ou Claude François que sa mère passe en boucle et qu’il fredonne lui aussi !

Il n’y a qu’en cours de musique qu’il se sent à l’aise, loin des railleries de Fanny et du regard, si bleu mais indifférent, d’Elodie.

Sa voix est magnifique, elle est « en nord ».

Parmi les autres élèves, il y a les jaloux, comme Fanny et sa voix en sud, qui n’arrête pas de tousser exprès quand je chante mon solo. Et puis il y a ceux comme Alexis qui me regardent comme si j’étais un bonbon. Et enfin Elodie qui ferme les yeux. Soit pour mieux entendre, soit pour ne plus me voir, je ne sais pas.

Page 15.

C'est ainsi qu'Anaïs, la prof de chant, lui propose de s'inscrire au concours Graine d'étoile.

Dès lors, des étoiles, il en a plein les yeux, et des rêves, plein la tête.

Malgré quelques obstacles, il réussit les deux castings.

Mais pour la finale, il se sent désemparé car il comprend combien lire lui est nécessaire. Pour ses auditions, mais surtout dans la vie.

Car entretemps, Marco a bien remarqué que sa mère est toujours mal à l’aise en présence des lettres. Elle rougit, bafouille, baisse la tête, invente des prétextes.

Pensant d’abord à « une indigestion de mots » subie plus jeune, il réalise qu’elle ne sait pas lire. C’est un choc pour lui et il comprend l’attitude paternaliste de son frère et agacée de sa sœur, les mots de la voisine (« pas finie) et se persuade que savoir lire serait une trahison envers sa mère.

Depuis que le maître m’a parlé, je suis écarté en deux. Si j’apprends à lire comme il faut, je pourrais chanter dans la télé, je gagnerais et je deviendrais riche et célèbre et Elodie m’aimera jusqu’à ce que je devienne très vieux puis mort. A part que si j’apprends à lire comme il faut, je serais plus grand que maman. Mais est-ce que c’est très grave ?

Page 87.

Nous avons, toutes les deux, beaucoup aimé ce roman qui aborde avec beaucoup de douceur de grandes thématiques : la monoparentalité, l’absence du père et les moyens de la combler, les difficultés scolaires et sociales, et surtout l’illettrisme.

Le poids et l’exclusion que cela représente pour l’adulte, et sa place, son « autorité » mises à mal. Mais auquel le roman n’offre pas de solution à la mère, car il se centre sur Marco et sa vision d’enfant.

Véronique Petit utilise pour son récit notre société de médias qui n’échappe pas aux plus jeunes : la télévision et ses émissions de téléréalité, le journal papier, la radio, internet, et leur rapport avec.

L’écrit est partout, sur les panneaux, les horaires du bus, les différents formulaires…

Le personnage de Marco, bien que naïf, est tendre et émouvant.

Cette aventure va lui permettre de gagner en assurance et en confiance en lui et d’apprendre à lire grâce à sa passion, le chant. Son innocence et sa franchise sont mignonnes et ses mots en métaphore "à la PEF" nous ont fait sourire.

En vrai ça m’a fait bizarre de lire mon nom dans un journal. J’avais presque envie de pleurer à cause de l’émotion dans mes yeux. A part que le journaliste fait des fautes. Il a écrit que j’avais une voix en or ! N’importe quoi. Ça ne veut rien dire une voix en or.

Page 92.

En vrai, couettes ou pas couettes, quand on est n’est pas belle, on n’est pas belle, il faut se faire à l’idée.

Page 94

Pour conclure, Une voix en nord est un roman sensible sur un sujet encore trop d’actualité et qui plaira sans nul doute aux jeunes comme aux plus âgés, notamment grâce à ses références musicales intergénérationnelles.

Il participe donc au Prix des Incorruptibles, sélection CM2/6e ainsi qu’au Challenge que Lucie du blog Un petit bout de bib organise autour.

challenge 1gm          

 

Belles lectures et découvertes,

Ambre et Blandine.

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N
Bravo pour cette chronique en duo <3<br /> Les thèmes abordés sont très touchants (et malheureusement si réalistes) et le personnage de Marco semble vraiment attachant.<br /> Belle soirée Blandine !
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B
Merci Nancy!<br /> C'est un roman très doux et émouvant, et quelques notes d'humour bienvenues!<br /> Belle soirée à vous!