La petite fille au kimono rouge. Kay HAUGAARD (Dès 8 ans)

Publié le 12 Avril 2016

La petite fille au kimono rouge. Kay HAUGAARD (Dès 8 ans)

La petite fille au kimono rouge.

Kay HAUGAARD.

Traduction de l’anglais par F. de LASSUS-SAINT-GENIES.

Illustrations de Jacqueline DUHEME.

Le Livre de Poche Jeunesse, 1981 (USA, 1966 sous le titre Myeko’s gift)

192 pages.

Indiqué dès 7 ans dans ma version, mais dès 9 ans dans la dernière édition de 2014. Et je dirais dès 8 ans.

(Je ne sais pas si le texte n'a pas été tronqué ou traduit autrement dans l'édition de 2014)

Thèmes abordés : immigration, Japon, traditions, famille, amitié, quête d’identité, école.
Faîtes défiler les images pour voir les différentes couvertures: 2014 - 2007- 1971 - ?
Faîtes défiler les images pour voir les différentes couvertures: 2014 - 2007- 1971 - ?
Faîtes défiler les images pour voir les différentes couvertures: 2014 - 2007- 1971 - ?
Faîtes défiler les images pour voir les différentes couvertures: 2014 - 2007- 1971 - ?

Faîtes défiler les images pour voir les différentes couvertures: 2014 - 2007- 1971 - ?

Bien que j’ai lu ce roman il y a xxx années et je ne me souvenais plus de son histoire. J'ai simplement l'impression de l'avoir toujours eu dans ma bibliothèque.

Myeko est une petite fille d'environ 8 ans et qui est très sensible et peu sûre d’elle.

Elle a du quitter son Japon natal, laisser à Osaka ses grands-parents, Ojii-san et Obaa-san, pour s'installer en Amérique, en Californie, avec ses parents et son frère cadet, le petit Prune.

Sur environ quinze mois de narration, Myeko va peu à peu prendre confiance en elle, gagner en assurance, assumer ses origines et apprendre que la différence est une richesse.

Comme tout est différent, comme il est dur de s'adapter et difficile de se faire des amis. Myeko croit qu'il lui faut tourner le dos à tout son héritage nippon pour devenir une vraie américaine et ainsi être acceptée.

« Maman-san, je veux retourner à Osaka. Je suis si malheureuse ici : je ne suis pas japonaise, je ne suis pas américaine… Je suis seulement différente de tout le monde… Et je voudrais tant être comme les autres !
-Ma petite fleur chérie, pourquoi vouloir renier ce qui est japonais parce que nous ne sommes plus au Japon ? Peu importe l’endroit : ce qui est beau et bon est apprécié partout. Regarde les cerisiers en fleurs, par exemple ; tout le monde les admire. Nous ne pouvons pas repartir. Il faut que ce pays devienne ton pays d’adoption. »

Page 104.

Car ses racines s’imposent à elle : par sa mère qui y fait sans cesse référence (ce qui agace Myeko), par ses petites habitudes à elle (qu’elle se reproche souvent), par ses camarades de classe, plus curieux que moqueurs.

C’est grâce à un petit poisson jaune en origami qu’elle va devenir l’amie de Carole, qu’elle admire tant.

C’est grâce à son kimono rouge que le déclic va s’opérer avec toute la classe, ou presque…

Myeko marche avec précaution et lève un peu les bras pour ne pas que son kimono dépasse. Soudain, elle laisse tomber la craie et, en se baissant pour la ramasser, ses longues manches brodées de papillons s’échappent de son manteau »
(…)
Et toute la classe la regarde saisie d’admiration.

Pages 41-42

La petite fille au kimono rouge. Kay HAUGAARD (Dès 8 ans)

C’est grâce à un cerf-volant en forme de carpe confectionné par ses soins puis au combat qui s’ensuivit avec Orville, qu’elle va apprendre à mieux connaître ce garçon taquin.

Mais c’est aussi l'apport de sa différence qui va lui attirer la jalousie d’Harriet, copine de Carole, et qu’elle va devoir faire face à l’injustice.

Le texte est parsemé de vocabulaire et de références aux traditions japonaises (regroupés dans un lexique à la fin), notamment artistiques : la composition florale de l’ikebana ou la peinture sumi-e, le théâtre du kabuki, la fête O-bon, les fêtes du Nouvel-An, la fête des garçons le 5 mai, les chaussures rouges à grelots pu-kirri, les kappas, un pique-nique tukimi

Mais aussi sociales et patriarcales, avec notamment la primauté donnée aux garçons.

Puis elle se met à sauter de joie, car c’est toujours très amusant d’aller à un mariage.
« Ce sera une cérémonie spéciale, Myeko.
Le mari de Reiko-san va être adopté par Ojii-san et par Obaa-san ; il sera ainsi leur héritier car, comme tu el sais, je n’ai pas de frères.
-Et papa-san ? dit Myeko soudain attristée. Pourquoi Ojii-san et Obaa-san ne l’adoptent-ils pas, lui, pour en faire leur héritier ?
-Je sais que c’est difficile à comprendre pour une petite fille comme toi mais, vois-tu, papa-san est un fils aîné et, par conséquent, l’héritier de ses propres paretns. Mes paretns ne peuvent pas l’adopter. Tandis que le mari de Reiko-san est un fils cadet, tout comme ta tante est ma cadette ; il n’est donc pas l’héritier de sa famille. »

Pages 175-176.

La petite fille au kimono rouge. Kay HAUGAARD (Dès 8 ans)

La lecture de roman est très fluide et empathique.

La petite Myeko est attachante mais indécise, toujours dans la retenue. Est-ce propre à son caractère ou à sa culture ? Ceci confère au texte quelques lenteurs ou redondances mais campe bien le personnage.

Elle s’exprime toujours avec respect et réserve, une politesse moquée par les autres, ce qui est dommage car ce n’est pas une faiblesse.

Situé dans les années 1960, et reflet des deux sociétés (japonaise et américaine), le récit est aisément transposable à celle d’aujourd’hui. Il nous décrit l’immigration vue pas les yeux d’une petite fille, l’accueil fait à sa différence, mais aussi les ressemblances qui existent entre les deux pays.

En cela, ce roman entre en résonnance avec trois autres de mes lectures, pour trois époques différentes, où dans chacun il est question d’immigration japonaise, soit vers les Etats-Unis soit vers la France.

L’accueil n’est pas toujours sympathique loin s’en faut, mais contrairement aux autres, dans celui-ci, il n’est pas fait mention de xénophobie ou de racisme. Myeko est certes moquée mais plus pour sa manière d’être, sa maladresse apparente, sa gêne que pour ses origines. Les surnoms dont elle est affublée sont sans connotations.

Faut-il y voir un repli sur soi, un retour exacerbé de la peur de l’autre ? Je le crains.

Pour conclure, je vous propose de découvrir le conte de la souris Nezume-san que Myeko raconte à Harriet et qui m’a fait penser au très bel album de Gaël Aymon, Le secret le plus fort du monde. Si les personnages ou éléments cités ne sont pas les même, la trame est identique et donne à réfléchir.

« C’est l’histoire d’une famille souris qui avait pour fille une très jolie petite souris. (…)
Elle était toute blanche avec de grands yeux roses et brillants. (…)
Nezume-san aimait Chusuke-san qui n’était qu’un jeune souriceau sans noblesse.
Or sa famille voulait qu’elle épouse quelqu’un de riche et de puissant. Ils allèrent donc l’offrir en mariage au soleil, pensant qu’il était le plus puissant du monde. (…)
Mais celui-ci refusa en disant que Kumo-san, le nuage, était plus puissant que lui puisqu’il pouvait obscurcir sa lumière. (…)
[Le nuage] répondit qu’il n’était pas non plus le plus puissant, car le vent, Kaze-san, pouvait souffler sur lui et l’emporter au loin. Aussi allèrent-ils voir Kaze-san.
« -Voici notre fille que nous désirons « vous donner en mariage », dirent-ils au vent. (…)
-Il répondit que Kabe-san, le mur, avait le pouvoir de l’arrêter dans sa course et qu’il était par conséquent plus puissant que lui. Alors ils se mirent à la recherche de Kabe-san et lui dirent la même chose. Mais ils commençaient à être fatigués et les yeux de la pauvre Nezume-san étaient pleins de larmes et ses moustaches tremblaient. (…)
-Kabe-san leur dit que Chusuke-san, le souriceau, était encore plus puissant que lui puisqu’il pouvait percer un trou à sa base ! (…)
-Voici leur mariage, qui fut très réussi. »
Et, comme dans tous les contes, ils vécurent très heureux et eurent beaucoup d’enfants.
(…)
C’est une très belle histoire et, en y réfléchissant, Myeko se demande s’il ne s’en dégage pas une morale. (..) Il en est peut-être ainsi de tout le monde ? Ce n’est pas parce qu’on est petit qu’on est sans importance. (…)

Pages 167 à 169

Un roman de partage et de culture, très doux, dont je vous recommande la lecture !

Il participe à mon « Challenge des RE 2016 » ainsi qu’au « Petit Bac 2016 » d’Enna pour ma deuxième ligne, catégorie couleur.

challenge rl jeunessechallenge 1gm

 

Belles lectures et découvertes,

Blandine.

Retrouvez-moi sur Facebook, Twitter et Pinterest.

 

Repost0
Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article
N
Ce roman fait partie de la bibliothèque de mon enfance également (c'était un très gros coup de cœur), il faudrait que je le relise pour voir si je porte sur lui un regard identique ou pas ...<br /> Dans mes souvenirs, le racisme n'est pas explicitement mentionné, mais sous-jacent tout de même (le repas à la cantine notamment, et d'autres choses ...).<br /> J'étais admirative des noms poétiques, des coutumes japonaises dévoilées dans le roman...et de la légende de la petite souris ;-)<br /> Belle journée Blandine !
Répondre
B
Merci Nancy!<br /> Je ne l'ai pas ressenti ainsi: plus une différence pointée qu'un racisme. L'épisode de la cantine avec le poisson et les moqueries d'Orville m'ont plu marquée en tant que végétarienne ("elle le mange, ce poisson mort!" )...<br /> Je suis vraiment contente de l'avoir redécouvert (grâce à vous!) avec toutes les fêtes et traditions qui y sont décrites!<br /> Belle journée à vous :-)