Les chroniques Lunaires - Tome 1 - Cinder. Marissa MEYER (Dès 13 ans)
Publié le 9 Mars 2016
Les chroniques Lunaires - Tome 1 - Cinder.
Marissa MEYER.
Éditions Pocket Jeunesse, mars 2013.
413 pages.
Dès 13 ans.
Thèmes abordés : Détournement de conte, science-fiction, robots, maladie, quête d’identité.
Lu sur liseuse.
Attirée par le détournement de conte et sa couverture, puis motivée par la lecture croisée avec mon amie Magali, j’ai littéralement plongé dans cette histoire.
Même dans le futur, les histoires commencent par il était une fois…
Il était une fois, une jeune fille de 15 ans, Linh Cinder, seule mécanicienne de Néo-Beijing, et qui allait voir sa vie bouleversée et son destin s’accomplir….
Nous sommes en 126 TE, c’est-à-dire 126 années après la fin de la Quatrième Guerre mondiale qui a bien failli voir l’anéantissement du monde et des Hommes sous le coup de bombes nucléaires et autres armes chimiques.
Depuis, l’humanité a décidé de vivre en paix et de s’unir malgré ses différences culturelles, de croyances ou physiques.
Humains, androïdes, robots et cyborgs cohabitent plutôt bien dans une société éminemment technologique.
Les hovers à sustentation magnétique ont remplacé les voitures, toutes les informations sont envoyées par comm, sur des holocrans ou minicrans. Tout est instantané et localisé. Tous portent des puces d’identification, et les robots, des puces de personnalité.
Mais la ville de Néo-Beijing, dans la Communauté orientale, est sale avec des détritus, papiers et débris divers qui jonchent les rues, les cieux emplis de fumées et des immeubles de verre et de béton à perte de vue.
Il ne reste plus grand-chose de notre monde actuel, sauf quelques vestiges d'étiquettes ou architecturaux mais modifiés, tel le Palais impérial.
Cinder oublia brièvement la laideur des lieux quand elle tourna dans sa rue. Car, pendant quelques instants, on pouvait distinguer entre les immeubles le palais de Néo-Beijing, splendide et imposant, au sommet du promontoire qui dominait la ville. L’or de ses toits pointus jetait des reflets orangés sous le soleil, et ses fenêtres miroitaient de mille feux. Les pignons ornementés, les pavillons à étages qui surplombaient dangereusement le bord de la falaise, les temples arrondis qui se découpaient sur le ciel… (page 24)
(…)
Sa connexion réseau lui fournissait les informations de base, en lui rappelant que le palais avait été construit après la Quatrième Guerre mondiale, sur les décombres de la ville. À la manière de l’ancien monde, il mêlait habilement symbolisme nostalgique et technologie de pointe. Ses toits incurvés dans le style pagode semblaient couverts de tuiles en or et bordés de gargouilles. En réalité, les tuiles étaient en acier galvanisé tapissé de minuscules capsules solaires qui produisaient suffisamment d’énergie pour alimenter tout le palais, y compris l’aile de recherche. Les gargouilles étaient équipées de détecteurs de mouvement, de lecteurs ID, de caméras panoramiques et de radars capables de détecter l’approche d’un avion ou d’un hover dans un rayon de cent kilomètres. Tout cela était parfaitement invisible, dissimulé dans les poutres laquées et les pavillons à étages. (Page 169)
Mais une double menace pèse.
La première vient de la Lune, sur laquelle des Terriens se sont installés, créant au fil des siècles le peuple des Lunaires, dotés du pouvoir de magnétisme. Manipulateurs, ils sont capables de projeter dans le cerveau des autres une illusion d’eux-mêmes, influençant leur perception des choses et des êtres, leurs pensées et leurs actes.
Ils sont dirigés par la Reine Levana. Une femme cruelle et autoritaire, au pouvoir dictatorial et obnubilée par l'image qui se dégage d'elle-même. Pour échapper à son contrôle, plusieurs Lunaires se sont réfugiés illégalement sur Terre.
Mais ils ont amené avec eux, sans le savoir, une maladie extrêmement infectieuse et violente : la létumose.
Depuis douze ans, cette pandémie aux allures de Peste bubonique, fait des ravages chez les Hommes et l’Empereur de la Communauté orientale, Rikan, y succombe. Son fils de 18 ans, le prince Kaito, dit Kai, lui succède à la veille du 126e Festival annuel de la Paix, lors duquel un grand bal est donné. Cette année, il se doublera de la cérémonie de couronnement.
La Reine Levana, avec qui les relations diplomatiques sont tendues, profite du deuil pour venir sur Terre et convaincre le Prince de l’épouser Pour le persuader, elle amène avec elle une unique dose d’antidote contre la létumose.
C’est dans ce contexte houleux que nous faisons connaissance avec Cinder.
Jeune cyborg à 36,28%, sa main et sa jambe gauches sont en acier, tout comme plusieurs pièces à l’intérieur de son corps. Son câblage interne est minutieux et coûteux.
Mais il y a aussi des points positifs : être informée instantanément de tout ce qu’il se passe, savoir quand quelqu’un ment, ou encore une alarme interne pour se calmer lorsque que quelque chose ne va pas : tristesse, colère…
Mais Cinder, bien que volontaire et un brin rebelle, a honte d’elle-même et cache sa silhouette androgyne sous un vieux treillis maculé de cambouis et des gants crasseux.
Elle ne sait rien de ses origines et se souvient seulement avoir été ramenée d’Europe par le Professeur Garan, décédé depuis de la létumose et laissée à la charge de sa femme, Linh Adri qui ne supporte pas cette chose, dotée d’excentricités mais qu’elle garde. Car elle est la seule à ramener de l’argent à la maison, qu’Adri dépense sans compter pour ses deux filles Pearl et Peony. Cette dernière est la seule amie humaine que Cinder ait, avec son robot Iko.
C’est dans son échoppe de la place du marché que Cinder répare, décortique, assemble, reconnecte tout appareil ou robot, ancien ou récent. Elle a acquis une grande réputation et c’est pour cela qu’un beau jour, une visite impromptue chamboule sa vie.
Le jeune prince Kaito, à peine déguisé, lui demande de réparer son androïde précepteur Nainsy. Un vieux modèle mais auquel il dit être attaché.
Personne ne sait que Cinder est une cyborg, un sous-être, que les humains traitent avec mépris. Régulièrement, le service de recherches médicales et scientifiques du palais impérial fait des campagnes de recrutement de cyborgs par tirage au sort ou volontariat pour tenter de trouver un vaccin à la létumose.
C’est lorsque sa cadette contracte la maladie que Linh Adri n’hésite pas à constituer volontaire Cinder.
Ce programme, piloté par le Dr Erland, va lui permettre, contre toute attente, de connaître sa véritable nature, de se rapprocher du Prince avec qui elle se lie davantage et de côtoyer de plus près le monde politique.
J’ai adoré lire ce détournement de Cendrillon, premier roman de l’auteure.
Découpé en quatre parties, la teneur de chacune est annoncée par une citation du conte original, dont on retrouve la trame narratrice.
Livre quatre.
Le prince avait fait enduire de poix tout l’escalier.
Alors, quand la jeune fille voulut se sauver,
sa pantoufle gauche resta engluée
D’ordinaire peu sensible au genre de la science-fiction, je me suis laissée embarquer dans cette histoire, brillamment orchestrée, à l’écriture fluide et aux descriptions précises.
Quelques autres références littéraires ponctuent le texte, telles Blanche-Neige ou Sailor Moon en un effet miroir.
Par contre, je n’ai pas aimé les moments de rapprochement entre le Prince et Cinder, que j’ai trouvés mièvres et absolument pas crédibles. Mais peut-être est-ce moi qui ne suis pas du tout réceptive à ce genre d’histoire ?!
Kai s’éclaircit la voix.
— J’ai rencontré votre jolie mécanicienne dans le hall, et elle m’a dit qu’elle venait vérifier vos androïdes.
(Page 176)
— Je sais que le moment est horriblement mal choisi, mais croyez-moi, c’est une question de vie ou de mort. (Il prit une grande inspiration.) Accepteriez-vous d’être ma cavalière au bal ?
(Page 178)
Ce premier tome s’achève sur la découverte de l’identité réelle de Cinder et ce qu’elle lui incombe de faire à présent…à découvrir dans les prochains volumes donc.
La série en compte quatre.
Il me tarde de connaître la suite comme de savoir si l’auteure a détourné d’autres contes.
A présent, voici l'article de Magali, qui comme moi, a grandement apprécié cette lecture:-)
"Elle m’a conquise avec son histoire, qui est bien plus qu’une réécriture de conte. Elle se l’est appropriée et l’a totalement réinventé et dépoussiéré. Il ne m’a pas fallu longtemps pour oublier le personnage de mon enfance et me faire happer par l’histoire de Cinder."
C'est rigolo, car à l'inverse de Magali, j'ai aimé rechercher, et retrouver, dans l'histoire tous les éléments du conte original, et la manière dont Marissa Meyer les a arrangés pour mieux les insérer dans son roman.
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