L'autre moitié de moi-même. Anne-Laure BONDOUX - 2011
Publié le 16 Mars 2016
L'autre moitié de moi-même
Anne-Laure BONDOUX
Éditions Bayard, septembre 2011
226 pages.
Thèmes : autobiographie, intimité, famille, mémoire, peurs, confiance en soi.
De 1999 à 2009, Anne-Laure Bondoux a publié 18 livres pour la jeunesse.
Avec eux, elle a emmené ses lecteurs dans des contrées lointaines, au contact de personnages abîmés mais forts, malmenés par la vie mais battants.
Mais depuis, rien, plus rien. C’est la page blanche, l’angoisse, le vide, un désespoir.
Ce 25 octobre 2010, point de départ et final de cette autobiographie, Anne-Laure a rendez-vous avec l’une de ses amies, D., à qui elle s’est confiée sur ses angoisses.
Ebranlée par leur entrevue et toute à ses pensées, elle renverse un enfant à vélo au sortir d’un virage. Mais où est cet enfant ? Ni sur le côté, ni sous la voiture, elle ne le retrouve nulle part.
Est-il seulement réel? Qui est-il, quel est son sexe, son âge, quels sont ses traits ?
Illusion, mirage, ça m’est égal ; j’ai la certitude folle que cet enfant pourrait mourir. Et je ne cesse de me répéter : S’il meurt, je mourrai. »
Anne-Laure sombre dans un gouffre, où il fait si sombre, où la solitude règne, où elle a peur.
Pour en sortir, pour que cet enfant ne meure pas et qu’elle découvre son identité, elle comprend qu’elle va devoir puiser au cœur d’elle-même, qu’elle va devoir se connaître pour être, se livrer pour se délivrer.
Et elle nous entraîne avec elle.
Cette quête urgente, brûlante, vitale, se fait au jour le jour, dans le noir, à tâtons, à grands coups de larmes, en tombant, en se fracassant, la peur au ventre. Et si je n’vais plus de forces ? Et si j’étais totalement incapable de me débrouiller seule ?
Son enfance, ses parents, sa sœur. La famille d’avant puis celle qu’elle se construit. Son mari, ses enfants, son divorce, son compagnon.
Il y a ce qu’elle sait, ce dont elle se souvient, ce qu’on lui a toujours dit, ce qu’on lui a caché.
Il y a les découvertes, les doutes, les révélations, les errances, les colères, les retrouvailles…
Anne-Laure cite quelques-uns de ses poèmes, Rudyard Kipling (If), une chanson d’Anne-Sylvestre (L’enfant qui pleure au fond du puits), Boris Cyrulnik, Annie Duperey…
Incapable d’entamer un troisième roman, impuissante à me lancer dans un nouveau scénario, je supposais quel a fabrication d’une fiction m’échappait parce que j’avais un livre en travers du cœur. Et qu’il faudrait, tôt ou tard, que j’en passe par lui, que j’écrive au JE, sans la couverture d’un personnage.
L’autre moitié de moi-même est un roman intime, émouvant et puissant qui résonne, imprègne et fait écho.
Il faut avoir de la force, de l’amour, beaucoup d’amour pour oser se livrer toute entière avec autant de sincérité, de courage, sans ombre ou faux-semblants.
Il se referme sur des remerciements, une bibliographie. Je note que nous avons quelques livres en commun…
Et surtout quelques photographies, lettres, messages, dessins. Cette attention nous la rend très proche, intime, et nous inclue dans un cercle.
Ce roman est un cadeau à elle-même, un cadeau fait à ses lecteurs car il éclaire son œuvre (c’est ainsi que la bibliothécaire me l’a présenté et recommandé) mais aussi à sa famille, à ses proches.
Ce que tu racontes, c’est uniquement ton point de vue, ta manière de vivre les choses, ton interprétation. Donc, c’est ton histoire. Tu ne la voles à personne.
Et pour moi, il est un commencement.
Voici quelques autres morceaux choisis.
Avec un sourire, du haut de sa longue expérience de la vie et de l’écriture, la vieille dame disait ceci : « L’évènement lui-même est détruit par le livre. Ce qui est écrit remplace ce qui a été vécu. »
J’ai sursauté en entendant ces mots, et je les ai notés dans le cahier posé sur mes genoux. J’espère que ça vous est déjà arrivé, de lire une phrase qui vous fait sursauter. Une phrase qui, soudain, vous donne l’impression que quelqu’un a ouvert la fenêtre, et que le soleil entre à flots pour éclairer un coin d’ombre. Pour moi, ce jour-là, Marguerite Duras a ouvert la fenêtre.
Est-ce ma part créative qui vit encore dans la bulle dorée de l’enfance ? Peut-être… Car, si je suis devenue écrivain pour la jeunesse, ce n’est sans doute pas un hasard ! Et même si je m’évertue à raconter des histoires qui n’épargnent pas mes personnages, et que je les confronte aux divers fracas de l’existence pour les conduire – justement – vers l’âge adulte, je sais que mon écriture n’a pas atteint sa plein maturité. Tant mieux ! Il me reste une belle marge de progression !
Une marge que je suis impatiente de découvrir !
Pour en apprendre davantage sur Anne-Laure Bondoux, RDV sur son site !