Le garçon qui parlait avec les mains. Sandrine BEAU et Gwenaëlle DOUMONT (Dès 8 ans)

Publié le 19 Février 2016

Le garçon qui parlait avec les mains

Texte de Sandrine BEAU et illustrations de Gwenaëlle DOUMONT

Alice Editions, collection « Primo », octobre 2015

96 pages

Dès 8 ans

Thèmes abordés : différences, surdité, Langues des signes, Espagne, amitié, école, peur, tolérance/respect, expressions/jeux de mots.

Ce roman illustré aborde un thème peu courant (enfin il me semble) et il m’a beaucoup touchée. J’apprécie particulièrement sa couverture qui révèle délicatement du contenu de son histoire.

L’Espagne, son soleil, sa chaleur, ses danses, ses couleurs, sa joie, … Les parents de Victoria l’adorent, d’où son prénom. Elle est leur petit bout d’Espagne à la maison.

Et voilà qu’un matin, un autre petit bout d’Espagne fait son entrée dans sa classe et dans son cœur.

Il s'appelle Manolo. Il vient de Malaga, a des yeux noirs et parle avec ses mains.

Pas tant par culture mais parce qu’il est sourd.

Bien qu’espagnol, il parle la langue des signes françaises (LSF) en faisant bouger ses mains, ses lèvres et son visage. Toute une gestuelle du corps que la maîtresse maîtrise, et qui fascine Victoria.

Très vite, elle se lie d’amitié avec Manolo et apprend à le connaître, son histoire, à échanger, et à faire des tas de projets, à l’abri dans le noyer du jardin de Victoria.

Et pour voir, vivre, ressentir un peu de son quotidien à lui, elle s’immerge dans son monde de silence.

Elle commence par se boucher les oreilles puis apprend à communiquer, à signer.

On n’échangeait pas de mot, Manolo et moi, et pourtant on se disait des tas de choses.
Je savais qu’il adorait sentir le soleil lui chauffer le dos, qu’il se passionnait pour les insectes et qu’il avait un faible pour les sauterelles et leurs longues pattes fines qui les propulsaient si haut.

Page 47.

Mais ce n’est malheureusement pas le cas des autres élèves qui se moquent du nouveau venu, telle la grande Zaza qui le traite d’handicapé.

Et aussi en-dehors de l’école, à la boulangerie, dans la rue, enfants mais aussi adultes de tout âge…

Les regards pèsent, les paroles blessent jusqu’à ce qu’une pétition échauffent les esprits.

Certains parents d’élèves inquiets du rythme et du parcours scolaire de leur enfant, demandent l’expulsion de Manolo vers un institut spécialisé, et dit adapté.

Les enfants propagent cette division, les amitiés se délitent.

C’est alors que Victoria trouve LE moyen de sensibiliser les enfants, puis eux leurs parents ensuite, à la surdité, pour chasser leurs idées reçues ou peurs.

Elle leur montre par la pratique comment quelqu’un vit dans le silence, dans un monde composé de bruits et prévu pour les entendants.

Et ainsi leur prouver que non seulement la vie n’est pas impossible, mais qu’elle est belle, autrement, et sans être incompatible.

« Le sentiment d’injustice ne suffit pas pour vaincre l’injustice… » Alors, on a fait tout ce qu’on pouvait pour la vaincre. Et moi, je trouve qu’on n’a pas si mal réussi !

Page 91.

Sandrine Beau nous livre ici un texte sensible sur la surdité, ses conséquences sociales et la dureté du monde à l’encontre de la différence.

Pour autant, le récit est empreint d’humour et de clins d’œil, et les passages difficiles s’alternent avec ceux, de la vie de famille de Victoria. Cette dernière est toute impliquée dans l’intégration de Manolo. Pourtant, celle du garçon semble peu présente. Si son histoire nous est dévoilée, sa présence n’est pas mentionnée. Et j’en ai été étonnée. Peut-être parce ce tout se passe du point de vue de Victoria.

Je me permets d’ajouter une petite remarque quant à l’objet-livre. Autant je trouve le papier glacé très beau et qualitatif, autant cela alourdit le livre.

J’ai beaucoup apprécié cette lecture, ses détails (dont l’allusion à Malaga, ville d’Andalousie, que j’affectionne et que je vous ai présentée ICI), et bien sûr, la manière dont les deux enfants parviennent à faire comprendre aux réticents la richesse de la différence.

Les illustrations de Gwenaëlle Doumont sont vives et fraîches, rigolotes ou douces. Elles accompagnent à merveille le texte. Et l’enrichissent grâce à une illustration de l’alphabet en Langue des Signes, et qui donne bien envie de faire.

La LSF est une langue à part entière et est pratiquée par plusieurs centaines de milliers de personnes en France : sourdes, malentendantes, avec tous leurs proches. Beaucoup de mamans l’utilisent avec leur bébé pour communiquer, mais elle peut aussi être utile dans nombre d’exemples de la vie de tous les jours : à travers une vitre, sous l’eau, …

Pour en savoir plus sur la LSF, je vous invite à consulter ces deux sites :

Je remercie vivement Sandrine Beau pour m’avoir permis, avec les Éditions Alice, de lire et vous présenter son roman.

Je vous ai présenté d’autres livres de Sandrine Beau sur le blog :

 

Ainsi que le travail de Gwenaëlle Doumont, avec :

 

Ce titre participe aux Challenges « Petit Bac 2016 » d’Enna, pour ma troisième ligne catégorie Phrase et à celui de Sophie Hérisson, « 1% Rentrée Littéraire 2015 ».

challenge 1gm challenge rl jeunesse

Belles lectures et découvertes,

Blandine.

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N
Pour ceux que ça intéresse, sur le même thème, Sophie a présenté des mangas : http://delivrer-des-livres.fr/a-silent-voice/ et http://delivrer-des-livres.fr/rdl-top-bd-blogueurs/ (en 2ème partie d'article) et moi, un roman jeunesse : http://delivrer-des-livres.fr/seule-facon-de-te-parler/.<br /> Et je suis d'accord avec toi Blandine, on ne parle pas assez du handicap en littérature, jeunesse ou non !
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B
Merci Nath pour les liens :-)<br /> Silent Voice ne comporte-t-il pas de fantastique aussi?