Notre mère la Guerre. Requiem. Maël et Kris - 2012 (BD)

Publié le 29 Décembre 2015

Notre mère la Guerre. Requiem.

Maël et Kris.

Éditions Futuropolis, septembre 2012

66 pages.

Thèmes abordés : Première Guerre mondiale, meurtres, enquête, mémoire.

Dans les trois premiers tomes de la série (1, 2, 3), nous suivions l’enquête du lieutenant de gendarmerie Roland Vialatte sur le meurtre de quatre civiles, que rien ne semblait relier.

Leurs cadavres avaient été déposés non loin du Front et tout ramenait le lieutenant autour du caporal Gaston Peyrac et de son étrange escouade, composée de jeunes hommes à peine majeurs, sortis de prison pour défendre la patrie.

Trouvez-leur une cause à défendre, ou au besoin… inventez-la. (Page 8)

Dans ce quatrième et dernier tome, qui se déroule en 1918, dans lequel l’enquête se finit, comme la guerre, le puzzle se reconstitue et dévoile enfin sa vérité. Il se penche davantage sur la personnalité du caporal, très estimé et suivi par ses hommes.

L’histoire est violente, la sienne, celle de sa petite troupe, noyée dans le flot de la grande.

La guerre les a tous transformés, usés, pervertis. La paix, l’amour, la fidélité, la patrie, l’honneur, que de vains mots… remplacés par folie, résignation, souffrance, mort.

« Est-ce que je me bats pour écraser et ruiner nos ennemis ? Non, je n’ai plus d’ennemis autres que la distance qui nous sépare. Et cette distance s’appelle la guerre, et non l’Allemagne…

« Je me bats par loyauté, par habitude et par force…

« Je me bats parce que je ne peux faire autrement.
Je me bats parce qu’après les découragements vient encore et toujours la résignation. Je n’imagine même plus que cela puisse changer. Je l’espère toujours, je n’y compte plus…

« Longtemps, j’ai cru que le devoir fondait l’homme. Je me demande aujourd’hui s’il n’est pas simplement une tromperie magnifique de l’esprit pour mener le corps là où il ne veut pas…

Page 41

Vous n’y êtes pour rien, Madame Dussart. Que peut une mère, face à la guerre ? (Page 19)

Vraiment ? Et d’en vouloir à soi, à tous et surtout toutes, pour ce que la guerre a engendré d’impalpable… Sacrifice dont toutes auraient profité puis piétiné les idéaux…

Guerre, mot féminin mais mené par des hommes pour elles, les femmes, les mères, pour les protéger, pour leur liberté, leur fierté : La Mère-Patrie, la Femme-Mère, la religion-mère…

La fin est bien amère et ne laisse que peu d’espoir à la vie, à ceux qui restent et qui recommenceront vingt ans après, puis encore, toujours…

La guerre était finie pour celles et ceux qui ne l’ont jamais connue. Qui l’a décidé ainsi ? La paix n’est jamais l’affaire des combattants. (Page 64)

« Tant qu’il y aura des hommes, il y aura la guerre » disait Ernst Jünger, c’est si vrai et cette série nous le démontre. Nous la portons en nous et elle fait remonter à la surface cette paradoxale dualité de l’être humain.

Les couleurs des dessins, gris maronnasses délavés entretiennent ce malaise.

EDIT du 7 mai 2016: Lors de la table ronde du 12 octobre 2013 et en partie retranscrite dans le Hors-série du magazine Beaux Arts: La Grande Guerre en Bande dessinée, Kris raconte un peu de la genèse de cette BD, Notre Mère la Guerre avec notamment cette escouade de jeunes gens, repris de justice, dont on offrait une libération en échange d'un engagement pour le temps du conflit. Ces jeunes adolescents étaient surnommés "Les apaches".

Que peut faire la guerre aux hommes? Comment faire pour s'en sortir? C'est ce qu'on voulait mettre en scène (...) ainsi que les questions de contraintes et de consentement.

Que se passe-t-il quand 100% d'une société se retrouve ne guerre, depuis l'arrière jusqu'au front?

Ce titre participe au Challenge " Petit Bac 2015 " d’Enna pour ma septième ligne, catégorie Mort, ainsi qu’à celui de Stephie, "Une année en 14".

Belles lectures et découvertes !

Blandine.

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