Eux, c'est nous. Daniel PENNAC, Jessie MAGANA et Carole SATURNO. Collectif Les Editeurs Jeunesse avec les Réfugiés (Dès 8 ans)
Publié le 15 Décembre 2015
Le 2 septembre 2015, le monde prenait conscience, brutalement, du sort des Réfugiés.
Ou plutôt, enfin.
Car le phénomène n’est pas nouveau…
Avec Aylan, leurs conditions de vie, et surtout de fuite puis de mort, ont alerté notre humanité.
57 éditeurs Jeunesse ont alors décidé de publier un petit livre pour dire simplement qui sont les réfugiés, d’où ils viennent, pourquoi ils fuient leur pays et rappeler que la France est une terre d’asile.
Eux, c'est nous.
Texte de Daniel PENNAC..
Suivi de Réfugiés en 8 lettres.
Jessie MAGANA et Carole SATURNO.
Collectif.
Éditions Gallimard Jeunesse, 20 novembre 2015.
32 pages
Dès 8 ans.
Ce petit livre vise toutes sortes de publics, de tout âge, de toutes professions, de toutes conditions sociales aussi. En cela, il est inclassable, et son texte, en deux temps ne peut le catégoriser. Pour les plus jeunes, il nous permet d’avoir des bases pour expliquer.
D’abord un texte de Daniel Pennac, intitulé L’instinct, le cœur et la raison. Comme une dissertation philosophique, thèse,-antithèse-synthèse, l’auteur décortique, décrit et analyse nos sentiments face aux Réfugiés. Nos sentiments, mais surtout nos réactions.
Recherche avide d’informations, d’images, de mots, pour tenter d’expliquer, comprendre, mais pour quelle(s) solution(s) ?
Ils [nos politiques, nos journaux] doivent parler de victimes de guerre, n’est-ce pas ?
D’hommes, de femmes, d’enfants, qu’on bombarde, qu’on fusille, qu’on torture, qu’on terrorise, qu’on affame, dont on a détruit les villes, dont on a brûlé les maisons, qui ont déjà perdu un père, un frère, des parents, des amis. Ils doivent parler de rescapés qui fuient sur des routes qui ne sont même plus des routes, pour sauver leurs vies qui ne sont presque plus des vies. Ce sont de ces gens-là que nous devons parler, n’est-ce pas ? De ces gens dont nous pourrions faire partie, qui pourraient être moi, toi, vous.
Nous.
Mais qui sont eux.
Et pour qu’ils restent EUX, sans devenir NOUS, pour qu’ils restent dehors et en-dehors, plusieurs termes sont employés. Des mots, servis par des images, qui font peur, créent une distance, banalisent et surtout déshumanisent.
EXODE
MASSES
HORDES
DEFERLEMENT
MULTITUDE
INVASION
Mais derrière ces mots, ce sont des hommes, des femmes, des enfants…
Des mots repris et mis à mal par Daniel Pennac, à qui ils opposent ceux de volonté, d’instinct et de mémoire.
Quelque chose ferme notre porte et notre cœur. Ce quelque chose, c’est notre vieille – et terriblement humaine – peur de l’autre. Notre vieille – et terriblement humaine – peur du changement. Notre vieil – et terriblement humain – instinct de conservation. Cet instinct n’est pas mauvais en lui-même. Il a bel et bien conservé notre espèce humaine tout au long de son histoire. Mais c’est un instinct ; il faut le raisonner.
Bien. Raisonnons un peu.
Et pour cela, souvenons-nous.
Et de décrire, sobrement, toutes les immigrations que la France a connues sur le seul XXe siècle, qui sont devenues NOUS, et que cEUX d’aujourd’hui serons NOUS demain.
Ce court texte de Daniel Pennac ne juge pas, ne moralise pas. Il décrit simplement nos sentiments. Il ne propose pas non plus de solutions, si ce n’est avoir plus de volonté et d’empathie. Mais pas de moyens concrets, certes. D’ailleurs, qui doit les avoir et les utiliser, ces moyens ? Nous, l’ensemble de la population, ou ceux qui nous représentent (ou sont censés le faire), les politiques ?
Dans un second temps, Jessie Magana et Carole Saturno, utilisent, en un acrostiche, les huit lettres du mot REFUGIES.
8 lettres pour 8 mots-clés qui expliquent les notions et les questions évoquées par la situation des réfugiés en France.
Chaque mot est assorti d’une définition, d’un court texte permettant de le mettre en situation et d’un dessin correspondant. La présentation est plus aérée, avec un jeu de couleurs et de taille dans les lettres.
ECONOMIE
De nombreuses études démontrent que les étrangers rapportent plus à l’état français qu’ils ne lui coûtent.
Cette seconde partie est plus "simple", plus facile d'accès pour des enfants, et a d’ailleurs plus « parlé » à ma fille de 11 ans.
Elle explique des termes comme visa, « espace Schengen », un passeur… des mots très employés dans les médias.
Les illustrations de Serge Bloch, à la simplicité qu’apparente, accompagnent avec force les textes.
Un petit livre mais grand par ses mots, pour réaffirmer et transmettre, les valeurs de paix, d’accueil et de solidarité et fraternité de notre pays.
Un petit livre essentiel, à lire, à partager, à propager pour apprendre sur nous, avec des chiffres pour que l’impact soit plus fort.
- Un français sur quatre est d’origine étrangère par ses grands-parents.
- Alors qu’un réfugié a 21 jours maximum pour faire sa demande d’asile, l’OFPRA, l’organisme français qui traite cette demande, met en moyenne 200 jours pour y répondre. (…) En 2014, 28%des réfugiés ont obtenu l’asile.
- 3 000 personnes ont perdu la vie en traversant la méditerranée depuis le début de l’année 2015.
Il est vendu au petit prix de 3 euros et tous les droits des auteurs comme des bénéfices de sa vente sont intégralement reversés à La Cimade.
Créée en 1939 pour venir en aide aux personnes déplacées par la guerre, La Cimade agit depuis pour l’accueil et la défense des étrangers et des demandeurs d’asile en France.
La Cimade a pour but de manifester une solidarité active avec les personnes opprimés et exploitées. Elle défend la dignité et les personnes réfugiées et migrantes. Quelque soient leurs origines, leurs opinions politiques ou leurs convictions. Elle lutte contre forme de discrimination et, en particulier, contre la xénophobie et le racisme.
Derrière les chiffres, derrière les idées reçues, découvrez le vrai visage des migrants. Ils n'ont pas d'autre choix que l'exil. Vous avez le choix de les aider. Aidez les migrants. Faites un ...
Je vous propose de découvrir le visage de quelques-uns de ces réfugiés, ainsi que leur histoire…
Avec Laurette, nous avons toutes deux écrit sur ce livre, voici son avis. Auquel, elle a associé poèmes, citation et autre album.
Ainsi que celui de Maman Baobab.
Eux, c'est Nous - On est bien chez laurette
Une chronique croisée avec Blandine, une évidence ... ! Challenge "1% rentrée littéraire" - participation n° 10/6 - C'est le 20 novembre 2015 que le collectif d'éditeurs (plus de 40) a choisi...
http://casalaurette.over-blog.com/2015/12/eux-c-est-nous.html
"Ce simple rappel historique devrait être suffisant, je trouve, pour chasser la peur, et ce fameux instinct de survie naturel mais sacrement néfaste, qui nous anime tous de manière plus ou moins consciente. Nous avons "survécu" à l'arrivée de tous ces autres, et pour beaucoup, nous sommes même les enfants de ces autres et aujourd'hui finalement qu'importe ?"
Oui, le livre peut aider, à défaut de sauver.
Les éditeurs ont bien saisi son impact et sa force. Ce n’est certes pas nouveau, mais ce qui était théorique auparavant, l’est aujourd’hui dans l’action. Et ce, en proposant des livres de qualité, auxquels s’associent des auteurs reconnus et renommés, et à petit prix, accessibles au plus grand nombre.
On l’a vu avec le recueil de 13 à table pour les Restos du Cœur (5 euros), paru pour la première fois en 2014, et à nouveau cette année.
Les éditeurs « adultes » ont également publié un livre pour aider les réfugiés en intitulant sobrement leur livre collectif par Bienvenue. 34 auteurs pour les Réfugiés.
Un livre illustré aussi, pour rappeler la force du dessin.
Les Éditions du Chêne, suite aux attentats de Charlie Hebdo, le 7 janvier 2015, ont voulu donner une réponse culturelle à la barbarie terroriste et ont ainsi décidé d’éditer dans une version illustrée La Déclaration universelle des droits de l’homme de 1948, prévue pour le 4 janvier 2016.
30 illustrateurs pour 30 articles.
Connaître ses droits, c’est résister !
Mais suite aux attentats de Paris du 13 novembre dernier, une version poche à 2,90 euros est parue le 7 décembre. Je vous en parlerai plus en détails dans un prochain article.
Eux, c’est nous me renvoie à l’album Tu me prends en photo de Marie-Francine Hebert. Car derrière ce terme froid de EUX, il y a des hommes, des femmes et, surtout, des enfants.
Et ce n’est certainement pas anodin que la date choisie pour sa sortie, soit celle de la Journée Internationale des Droits de l’Enfant, le 20 novembre.
Blandine.
Pour une plus grande diffusion, ce titre participe au Challenge «Petit Bac 2015 » d’Enna, pour ma 10e ligne, catégorie Pronom personnel sujet.