Liberté, Egalité, Fraternité dès la maternelle. Agnès ROSENSTIEHL (Dès 3 ans)
Publié le 17 Novembre 2015
Liberté, Egalité, Fraternité dès la maternelle.
Texte et illustrations d’Agnès ROSENSTIEHL
Editions Chemins de Tr@verse, février 2015.
Dès 3 ans.
Notions abordées : France, symbole, devise, République, éducation civique, respect.
En demandant cet album lors de la dernière Masse Critique Jeunesse de Babelio, je ne pensais pas avoir à vous le présenter dans un contexte aussi cruel et terrible. [Attentats de Paris – 13 novembre 2015]
Je pensais d’ailleurs le faire dans le cadre de la Journée Internationale des Droits de l’Enfant, le 20 novembre.
Mais vendredi 13 novembre 2015, leur droit à vivre, à être en sécurité, à sourire, à jouer, à apprendre, à grandir, à avoir un avenir dans un monde de et en Paix a été bafoué, pulvérisé pour certains.
Ce vendredi, ici, à Paris, mais aussi ailleurs, partout sur Terre, tous les jours, des enfants souffrent par la faute de quelques adultes, au pouvoir ou manipulateurs, extrémistes.
Ce petit album d’Agnès Rosenstiehl porte un grand message, plus que jamais d’actualité au moment où nombre de jeunes se détournent des valeurs de la France, et sans toujours savoir pourquoi. [cf interview de Marc Trévidic CLIC]
Une fois n’est pas coutume, je vous livre le quatrième de couverture :
Expliquons aux enfants qu’ils ont le devoir de respecter la LIBERTE des autres,
expliquons aux enfants que face au droit ils sont tous à EGALITE,
expliquons aux enfants que la FRATERNITE est nécessaire : c’est le partage et la tolérance.
C’est ce que dit la République française, dont la mission consiste à protéger notre liberté, garantir notre égalité et assurer notre fraternité.
Et la République française, c’est nous !
Nous : parents, professeurs, adultes œuvrant de près ou de loin avec et pour les enfants.
Pour eux : enfants d’aujourd’hui et futurs adultes de demain qui transmettront à leur tour ces valeurs de respect.
L’album se scinde en trois parties, chacune représentant l’un des termes de la devise française, et séparées par une page bleue puis une autre, rouge. Une phrase résume et clôt chacune.
Par un trait vif, épuré, frais, et non dénué d’humour, Agnès Rosenstiehl aborde la devise de la République française en mettant en scène des enfants et des scènes de leur quotidien : goûter, jeu, partage, vivre ensemble dans des couleurs redondantes (bleu, blanc rouge, vert et jaune).
Chaque double-page présente une saynète accompagnée de quelques mots. Ainsi l’enfant s’identifie, se projette et est incité à réfléchir au concept dans ses possibles comme dans ses limites.
Comprendre que la liberté des uns s’arrête là où commence celle des autres, non pas dans un esprit d’opposition mais de continuité et de partage n’est pas toujours aisé à un âge où les enfants sont encore égocentrés mais l’illustration, simple rend l’assimilation de cette notion tout à fait possible.
Pour la notion d’égalité, sur chaque double-page, un garçon et une fille, chacun d’une couleur de peau différente au nom poétique, se font face.
On peut naître couleur du blé, couleur du soir, couleur du chocolat ou couleur du café, couleur jus de pêche ou jus d’abricot, couleur de l’encre ou couleur du papier…
Des nuances qui ont beaucoup plu à mes garçons, qui disent avoir la peau « beige » quand d’autres l’ont « marron ». Ce qui ne manque pas de me faire sourire !
Les dernières pages de ce chapitre sont tout de même sujettes à questionnement.
Tous les enfants, encadrés à gauche par un bébé et une mamie à droite, se retrouvent autour d’une grande table avec pour nappe le drapeau français : « Tout le monde a le droit de manger ». Cette illustration n’est pas sans rappeler la Cène, d’autant que les mets sont du pain et du poisson.
Mais ce qui m’ennuie davantage, et qui m’a même choquée, est la phrase « Dans la famille des êtres humains, on n’est pas des bêtes » pour illustrer une souris prête à se faire dévorer par un chat.
Vraiment ?
Sommes-nous mieux que les bêtes (et la connotation que ce mot suggère ?), et à l’inverse, les animaux sont-ils inférieurs, moins intelligents que nous, les êtres humains ? Et là, j’oppose les termes êtres et bêtes. Lorsqu’on voit le fruit de cette intelligence humaine, le doute est permis !
La dernière partie aborde la fraternité sous l’angle du jeu et du partage.
Le jeu individuel qui devient collectif ; un ballon qui permet de jouer tous ensemble, un goûter qui rassemble.
Et tous ensemble… … peut-être qu’on va gagner !
Et là, la question de mon 6 ans : « Mais pourquoi tiennent-ils tous ce drapeau [européen] et pas le bleu-blanc-rouge ? »
Oui, pourquoi ? On parle de la France et de sa devise, et d’un coup l’Europe, cette belle union des diversités s’invite mais sans s’être annoncée, autrement que par son drapeau, visible à chaque fin de chapitre. L’idée est bonne mais non comprise.
Néanmoins, l’album plaît beaucoup à la maison et mes garçons le lisent sans moi. Ils se sont identifiés sans peine à ces enfants et il m’a servi de support pour approfondir la discussion suite aux attentats de Paris.
Son format m’a d’abord étonnée car il est vraiment petit (12*16,5 cm), mais cela le rend intimiste. Pour autant, pour une exploitation en maternelle, il n’est pas aisé ni pertinent, mais je crois qu’il existe dans un plus grand format.
Storyplayr, une bibliothèque d’albums jeunesse disponible sur tablettes, vous propose de consulter gratuitement cet album CLIC. (cela se trouve sur Facebook, mais vous pouvez y accéder même sans avoir de compte)
Un deuxième album existe à l’attention des plus grands : Liberté, Egalité, Fraternité, dès l’âge de raison. Ecrit et illustré par Pierre GAY, il s’adresse avec humour à l’intelligence et au questionnement des plus grands.
Merci aux Editions Chemins de Tr@verse et à Masse Critique de Babelio de nous avoir permis de découvrir et lire cet album qui participe au Challenge « Je Lis Aussi des Albums 2015 » de Sophie Hérisson.
116/100 (110)
Belles lectures et découvertes,
Blandine.