La porte de la salle de bain. Sandrine BEAU. (Dès 13 ans) A LIRE
Publié le 1 Novembre 2015
La porte de la salle de bain.
Sandrine BEAU.
Éditions Talents Hauts, collection "EGO", 1er octobre 2015.
95 pages
Dès 13 ans.
Thèmes abordés : adolescence, puberté, intimité, voyeurisme, pédophilie.
J’ai lu ce court roman une, deux, trois fois tellement il m’a percutée et marquée…
Et je ne sais toujours pas comment vous en parler, ou plutôt, si mes mots vous donneront envie, besoin, de le lire.
Ce roman n’est pas un coup de cœur. Il est plus que cela. Il est ESSENTIEL!
En peu de pages, Sandrine Beau aborde la puberté naissante et l'attrait qu'elle suscite, chez la jeune fille impatiente d'abord, puis chez les autres. Ce que l’on comprend aisément avec le titre et la couverture du roman.
Mia a hâte d’avoir des seins, elle trouve cela si beau. Alors elle s’observe sous tous les angles, tout en sachant très bien que les choses ne se font pas si vite… jusqu’au moment où, hop, un, deux, trois petit pois apparaissent… C’est parti !
Sauf que les autres profitent aussi de ce changement, si intime. Les petites phrases pseudo-rigolotes et intrusives, « Mais c’est qu’elle devient une vraie petite jeune fille, avec ses p’tits œufs au plat ! » (Page33), le regard des hommes qui s'attarde, jusqu'à l'intimité franchie, bafouée.
Lloyd, le beau-père sauveur de sa mère (Agnès), qui jusqu’à présent faisait office de moule sur le canapé dixit sa grand-mère, mais si pratique quand sa mère est de garde à l’hôpital, se met à entrer dans la salle de bain, pile quand Mia est sous la douche, ou va jusque dans sa chambre.
Il retourne la situation en rapportant le comportement « problématique » de Mia qui ne cherche qu’à se protéger de cette intrusion.
-laisse-la, c’est une ado. Elle fait sa crise.
Et oui, cette crise qui a souvent si bon dos, qui évite aux parents d’avoir à penser, de se remettre en question ou tout simplement d’observer. Parce qu’on n’a pas le temps ou qu’on ne le prend plus…
Car Mia, jeune fille sérieuse et dévouée, qui est à l’aise dans sa peau, avec ses amis et en classe, se transforme brutalement et en moins de six mois, et personne ne semble le remarquer, s’en alarmer… (Et c'est réellement préoccupant.)
Et sa mère de juste dire: Je ne te comprends vraiment pas. (Page 50)
Elle ne ressent plus le plaisir de grandir, ne rit plus, ses notes et son attention baissent. Difficile de trouver les mots, d'oser dire à la mère ou à une tierce personne (une prof, la meilleure copine amoureuse, sa grand-mère qui l’accueille de plus en plus souvent ?), la paranoïa, la honte, la culpabilité s'installent.
Quand la limite est-elle franchie ?
Maman m’en voudrait de ne pas lui en avoir parlé avant.
Elle m’en voudrait d’avoir pensé qu’une prof serait plus capable de m’aider qu’elle.
Elle m’en voudrait parce qu’elle aurait peur que l’équipe du collège pense qu’elle est une mauvaise Maman.
Alors Mia s’occupe avec toujours plus de ferveur de son petit demi-frère de 3 ans, Polo, avec qui elle construit des tours de château fort. Jeu pour lui, protection illusoire pour elle. Plus d’innocence, intimité bafouée, nudité exposée, agression des corps où la pudeur est méprisée.
Jusqu’à ce que la peur agisse pour elle et la délivre... pour vivre...
Sandrine Beau aborde sans pathos ni mièvrerie un sujet fort, intime et difficile, mais ô combien percutant, violent et dévastateur.
Une histoire qui sonne trop vrai, que l’on ne veut pas voir ni croire… et pourtant tant d’actualités nous rappellent à cette réalité.
Un roman qui ne se destine pas seulement aux jeunes filles, mais peut-être davantage aux mères (et parents) d’adolescentes. Pour qu’elles voient, s’interrogent, sachent décrypter les mots derrière les attitudes et les regards. Et se souviennent.
Et pour elles, comment cela s’est-il produit ? Bien ou pas ? Pourquoi ? Quelles sont les questions qui les ont taraudées ou ont-elles été entourées, obtenu des réponses sans avoir à demander… ?
Maman se balade tout le temps à poil, sans aucune gêne, alors elle a du mal à comprendre que d’autres aient plus de pudeur qu’elle. Surtout des enfants.
Il existe des numéros, des associations pour écouter, venir en aide aux enfants qui en ressentent le besoin ou qui ont besoin d’être secourus.
Ces numéros/adresses ne figurent pas en conclusion de ce récit, et je trouve cela dommage.
Car s’il insiste en filigrane sur la nécessité de communication de parler, de révéler (car par les yeux seulement, ça ne fonctionne pas), le roman ne donne pas les outils pour le faire lorsqu’on se sent emprisonné ou impuissant dans sa famille ou cercle de connaissances ou même scolaire.
En France, il y a tout d’abord le 119, un numéro simple à retenir : Allô Enfance en Danger. Enfants mais aussi adultes peuvent les contacter.
Viennent après d’autres liens, et ne concernant pas seulement la France, qui expliquent, posent des cadres ou décrivent les conséquences sur le long terme.
Collectif Inceste - En parler, c'est agir !
Collectif Inceste : en parler, c'est agir ! Association loi 1901 à but non lucratif qui milite pour des soins adaptés et une justice digne. Contact : contact@collectif-inceste.org - Confidentialité
Le Collectif Inceste est une association loi 1901 créée le 16 juin 2009 à la préfecture de la Gironde par deux rescapées de l’inceste. Elle est là pour écouter, sensibiliser, veiller et accompagner et protéger les victimes.
LES ABUS SEXUELS A L'EGARD DES ENFANTS : Comment leur en parler MINISTERE DE LA SOLIDARITE, DE LA SANTE ET DE LA PROTECTION SOCIALE SECRETARIAT D'ETAT A LA FAMILLE Jeu-test : PERMIS DE PRUDENCE ...
Brochure réalisée en Suisse, en partenariat avec le magazine enfant Astrapi (Bayard).
Maladies et Troubles Psychiques
Introduction Ajoutons que la plupart des personnes ayant été victimes de maltraitance psychologique et n'ayant vécu aucune sorte de sévices physiques ou sexuels éprouvent des difficultés à ...
http://www.maladies-psychiques.com/2011/03/les-maltraitances-psychologiques-legard.html
Conséquences sur le long terme.
Présentation de la première journée nationale
Najat Vallaud-Belkacem a présenté la première journée nationale "Non au harcèlement", qui aura lieu le jeudi 5 novembre, lors d'une conférence de presse qui
Et parce que les deux peuvent se rejoindre... 3020
A toutes les Mia.
Et à touts les Mio.
Que la force soit avec vous!
Un immense merci à Sandrine Beau pour avoir écrit ce texte et m’avoir permis, avec les Éditions Talents Hauts, de lire et vous présenter ce récit.
Pour une plus grande diffusion encore, il participe aux Challenges « Petit Bac 2015 » d’Enna, pour ma septième ligne catégorie Lieu et à celui de Sophie Hérisson, « 1% Rentrée Littéraire 2015 ».
C’est avec Mon chat fait ouaf que j’ai découvert Sandrine Beau, un album très drôle et intriguant ! Un exercice d’écriture radicalement différent de ce roman.
Mon chat fait ouaf ! Sandrine Beau et Céline Decorte. (Dès 2 ans)
Mon chat fait ouaf ! Texte de Sandrine BEAU et illustrations de Céline DECORTE. Editions P'tit Glénat, collection " Vitamine ", avril 2014. (Dès 2 ans) Notions abordées : Animaux, ferme, Loup ...
http://vivrelivre19.over-blog.com/2014/05/mon-chat-fait-ouaf.html
Découvrez les Éditions Talents Hauts dont je vous ai déjà présenté quelques-uns de leurs albums ou romans :
- La déclaration des Droits des Filles d’Elisabeth Brami.
- Le mystère de la chambre noire de Serge Rubin.
- Suzanne est à la hauteur de Fred L.
- Quand Lulu sera grande de Fred L.
Et d’autres m’attendent dans ma PAL.
Blandine.
les petites histoires (en boite) de sardine
Trois semaines après sa sortie, La porte de la salle de bain recueille encore de beaux avis de lecture. (Plus d'une vingtaine à ce jour... Fou !) (photo © Lire sous la lune) Merci à Thierry Bon...
http://sandrinebeau.blogspot.fr/2015/10/nouvelles-lectures-de-la-porte-de-la.html
Extraits de différentes chroniques sur le blog de l'auteure.
Ma Malle aux Livres: La porte de la salle de bain
La porte de la salle de bain "J'attendais mes seins avec impatience. C'est à partir des p'tits oeufs au plat que tout s'est déglingué. Comme s'ils s'étaient passé le mot pour gâcher ma joie t...
http://www.mamalleauxlivres.com/2015/10/la-porte-de-la-salle-de-bain.html
J'espère aussi que cela incitera peut-être des gens, des auteurs, des victimes, à en parler. Ce n'est pas par hasard ou par plaisir qu'on écrit ce genre de bouquins, et ce n'est pas par hasard qu'on les lit. Il doit y avoir une certaine forme de réflexion derrière.