Le cercle des femmes. Sophie BROCAS.

Publié le 20 Septembre 2015

Le cercle des femmes. Sophie BROCAS.

Le cercle des femmes.

Sophie BROCAS.

Editions Julliard, août 2014.

194 pages.

Thèmes abordés : Mort, famille, amour, trahison, peurs, transmission intergénérationnelle.

Ce roman aborde une thématique qui m’est chère : les transmissions intergénérationnelles. De celles que l’on dit, tait, transforme, transmet inconsciemment et qui forgent la mémoire familiale, le comportement, les gestes et la vision de la vie et des êtres.

Toutes les familles ont des zones de silences, non-dits, secrets, qui oppressent les générations nouvelles jusqu’à l’implosion, ou la délivrance…

Il y a de tout ça ici.

Quatre générations de femmes se retrouvent sous un même toit pour les funérailles de leur aïeule et amie, Alice.

Il y a Solange, dite Sol, sa fille.

Agnès, fille de Solange.

Lia, arrière-petite-fille d’Alice.

Et enfin Marie, l’amie, la confidente de tous les mots (et maux), instants, douleurs. La presque sœur, qui vit en Andalousie, terre de soleil et de chaleur.

Les funérailles se passent, silences et mots, pertes et retrouvailles s’alternent, il faut vider cette si grande maison de ses meubles et souvenirs. Inévitablement, un secret est découvert et l’équilibre se tord…

Une misérable boîte à chaussures poussiéreuse, simplement poussée sous une armoire, va briser toutes les certitudes de ses trois générations de femmes et les confronter à ce qu’elles sont, leur mémoire et leur conception de l’amour…

Alice les laisse découvrir, lâchement il faut l’avouer, qui elle était vraiment et ce qu’il s’est réellement passé avec Pierre, son mari, qu’elle a déclaré mort quand Solange avait trois ans. Elle laisse le soin à sa meilleure amie de raconter les vides, de combler, de réparer aussi.

Elle a construit sa vie sur un mensonge.

Femme seule, mère célibataire, forte et combative, elle a forgé de par ses mots et attitude, une image de l’homme, du masculin, du mari et du père totalement sublimée et idéalisée. Si grande et majestueuse qu’inatteignable, incomparable. Elle a joué sur le destin de ces trois femmes, attendant trop des hommes, constamment déçues, jamais comblées, ou dans une incertitude permanente d’elles-mêmes.

Réaction en chaîne, cascade inconsciente jusqu’à Lia, qui se sent enfermée. Lia par qui la boîte de Pandore s’ouvre.

Il faut sans cesse leur tirer les vers du nez pour connaître l’histoire de la famille. Comme si cela n’avait aucune importance de savoir d’où l’on vient. Comme s’il fallait laisser dormir le passé. Elles m’énervent. Je suis à fleur de peau en ce moment. Une bien jolie expression pour désigner le tohu-bohu des sensations désagréables qui m’agitent intérieurement.

Page 52.

Durant cinq ans, ce cercle des femmes, qui inclue Esther, la meilleure amie de Lia, enferme cette dernière, fissure sa vie et ses souvenirs, installe des doutes, des jugements, des craintes, la paranoïa aussi.

Je commence à en avoir ma claque de ces adultes qui se révèlent tout à trac sous un jour nouveau. On croit les connaître. On les prend pour des ancres auxquelles on peut s’accrocher par gros temps. On leur fait confiance. Ils sont prévisibles. Ils rassurent. Et puis voilà que sans crier gare ils se mettent à dériver, emportés par d’indivisibles courants sous-marins qu’ils cachaient au fond d’abysses noirs.
Les voilà qui ne résistent plus à leurs fractures souterraines. Les voilà autres. Sol abattue, Marie taiseuse. Ces redistributions soudaines de rôles me perturbent.
Elles m’énervent ! Après tout, ce sont elles, les adultes ! Moi, je suis encore une enfant, ou presque. Je ne suis pas d’acier trempé. J’ai droit à des égards. Non, non, c’est n’importe quoi !

Page 82.

Jusqu’à la renaissance.

Les prénoms Pierre et Lia ne sont pas anodins. Prénoms d’un début et d’une fin, d’un recommencement.

La lecture de ce récit est plutôt aisée et fluide.

Chaque personnage parle, faisant s'alterner les voix et points de vues, émotions dans ce grand puzzle qu'est cette famille.

Mais on y trouve quelques longueurs, évidences ou facilités, alourdissant le texte. Mon bémol va aux descriptions des colères de Lia. J’aurais aimé y lire plus d’éclat, de véhémence, de colère, de couleurs, entendre des pleurs, des larmes, « de la vaisselle fracassée ». Mais elle semble préférer la fuite et le tumulte des pensées, choisissant de sortir, changer de conversation, prendre l’air, plutôt que de crier, hurler…

Un premier roman à la thématique forte, inépuisable, dans lequel on s’immerge volontiers.

Le cercle des femmes. Sophie BROCAS.

Ce titre participe au Challenge « Les Anciens sont de sortie » de Stephie.

Belles lectures et découvertes,

Blandine.

Rédigé par Blandine

Publié dans #Romans français, #Premier roman, #Famille, #Amour, #Mémoire, #Mort

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S
Je n'ai vraiment pas aimé ce roman. Notamment à cause de Lia, que j'ai trouvée pénible. Bises
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B
Nos points de vue se rejoignent!
N
Bonsoir Blandine,<br /> Cette thématique m'est chère aussi, et votre analyse du roman donne envie de le découvrir malgré le petit bémol que vous soulignez.<br /> Merci pour la découverte et bonne soirée !
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B
Merci Nancy,<br /> L'analyse des rapports humain, la vision de l'amour, de sa conception, durée, du couple sur plusieurs générations et le conditionnement qui en résulte est très intéressant. C'est un premier roman, l'auteure arrivera, je pense, à trouver le truc pour rendre davantage plus fluides, et crédibles, les émotions de ses personnages.<br /> Bonne journée à vous!