Notre mère la Guerre. Deuxième complainte. Maël et Kris - 2010 (BD)
Publié le 9 Août 2015
Notre mère la Guerre
Deuxième complainte
Maël et Kris
Éditions Futuropolis, septembre 2010
64 pages
Thèmes abordés : Première Guerre mondiale, meurtres, littérature, souvenirs, soldats coloniaux, blessures.
Nous retrouvons le gendarme Roland Vialatte, qui enquête sur le meurtre de trois femmes, juste après la terrible attaque qui a clôt le premier tome et dans laquelle l’escouade du Caporal Peyrac a été engagée.
Notre mère la Guerre. T1 Première complainte. Maël et Kris. (BD)
Notre mère la Guerre. Tome 1 Première complainte. Maël et Kris. Éditions Futuropolis, septembre 2009. 64 pages. Thèmes abordés : Première Guerre mondiale, meurtres, littérature, souvenirs, ...
Passage en revue des morts, cruellement mais superbement mises en images par Maël. Bombardements, chairs disloquées, éparpillées, collant sur les corps et visages des compagnons d’armes, couleurs rouges-maronnasses nous immergent dans ce chaos absurde.
Dureté des propos du lieutenant qui veut la preuve de la mort et du courage de ses troupes.
Conditions de vie déplorables et de mort pires encore…
Ce tome est plus humain, plus intime, plus cruel que le précédent, ce qui rend la guerre d’autant plus aberrante.
Une escouade de gamins, anciens repris de justice mais enrôlés pour servir de chair à canon, sans qu’aucun ne soit consigné dans les effectifs.
Un caporal socialiste et antimilitariste mais qui encourage ses hommes à tuer.
Jolicoeur blessé au ventre, qui se cache dans une ruine du no man’s land et qui n’est rien de plus qu’un appât.
(Vialatte) -Pourquoi ne turent-ils plus, alors? Une simple grenade pourrait l'achever. Pourquoi le laisser...
(Peyrac) -Justement pour que NOUS, nous y allions. Ce n'est plus un soldat, c'est un appât.
-Un appât?
Vous pensez vraiment que c'est ce qu'ils attendent?
-Bien sûr. Qu'Est-ce que tu crois, Roland?
D'notre côté, on fait pareil.
Une nouvelle victime, Mathilde, prostituée, nous dévoile un nouveau pan de l’inhumanité de la guerre.
Elle est liée au capitaine Janvier, qui l’affectionnait particulièrement et qui est très trop perturbé par son meurtre.
Son corps a été déposé près d’une troupe de tirailleurs sénégalais, dont deux ont entrevus les tueurs présumés
Et les soupçons le ramènent toujours et encore vers les hommes de Peyrac.
Ceux-là même qui luttent pour le pays, qui chantent pour leur copain, et qui meurent dans l’indifférence générale.
Et soudain, ce fut comme un souffle chaud et rapide qui s'enflait, nous jetant tous à terre d'un seul mouvement, dominos saouls poussés par un vent brutal et terrifiant.
Dans un terrible fracas de cuivre et de ferraille, une batterie de cuisine démesurée dansait la sarabande autour de nous.
Les éclats fouettaient le sol en hurlant, la poussière et la boue nous recouvraient entièrement.
Juste après vinrent les odeurs. Celle de l'âcre fumée. Celle de la pisse et de la merde. Celle de la peur.
Nous n'étions plus que des animaux flairant le danger, crachant leur panique en une longue saccade de souffles courts et épuisés...
Ma raison semblait chavirer et mon crâne prêt à éclater. Et pourtant, je jouissais d'une acuité extraordinaire, entendant les déaprts des coups, cherchant à calculer la trajectoire des obus, me déplaçant des quelques centimètres salvateurs afin d'éviter les flammes et l'acier.
Brusquement, tout s'arrêta net. Et, le temps de comprendre, une révolte montant du plus profond du corps et de l'esprit me sumergea.
Puisque la mort était passée, il m'était de nouveau permis d'agir! Voir le danger en face!
Lutter! Se battre!
Ô Dieu!
Cette rage!
Ces avant-après permanents dans la narration nous rendent difficile l’appréhension du temps, comme si cette guerre durait depuis toujours et qui se prolonge encore et encore, jusque dans les crachats du gendarme vingt ans plus tard suite aux gaz.
Le meilleur côtoie le pire, sans barrière possible. Absurdité de la guerre qui saute aux yeux de Vialatte, finie la vision romanesque…
Ne restent que le sang, la chair et la boue, agglomérat pesant sur son uniforme mais qui le fait se sentir vivant, survivant !
Ce tome finit comme il a commencé, sur la longue litanie des noms des morts…
Atmosphère sombre et oppressante du texte comme des planches, cette BD prend aux tripes, dérange et questionne.
Ce titre participe au Challenge " Petit Bac 2015 " d’Enna pour ma quatrième ligne, catégorie Mort, ainsi qu’à celui de Stephie, " Une année en 14 ".
Belles lectures et découvertes !
Blandine.
Notre mère la Guerre. Troisième complainte. Maël et Kris.
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