La petite fille en rouge. Roberto INNOCENTI et Aaron FRISCH. (Dès 6 ans)
Publié le 1 Août 2015
Pour ce septième RDV du Challenge « Je lis Aussi des Albums 2015 » de Sophie, je vous emmène en ville.
Dans une ville gigantesque, grouillante et dévorante. Dans une ville où tout est possible, le meilleur comme le pire, où toutes sortes de personnes se croisent et se côtoient dans une proximité à double tranchant.
Tout le monde vous voit, mais personne ne vous voit.
C’est dans cette immense ville, surpeuplée, grise et sale, où la pluie tombe et attriste cette forêt de béton, que Sophia s’en va voir sa Mamie.
Cette histoire vous en rappelle certainement une autre… Et pour cause…
La petite fille en rouge.
Histoire et illustrations de Roberto INNOCENTI.
Texte d’Aaron FRISCH
Éditions Gallimard, février 2013. (Etats-Unis, 2012)
Dès 6 ans
Notions abordées : détournements de contes et de personnages, ville, famille, Loup, peurs.
Eh oui le Petit Chaperon Rouge, une petite fille qui porte le doux nom de Sophia, mais est-elle sage ?
Elle doit traverser la ville s’en jamais se détourner de son chemin ni céder aux nombreuses tentations qui jalonnent sa route.
Surtout celles qui se trouvent au cœur de la forêt.
Un endroit que tout le monde appelle « The Wood », « Le Bois « en quelque sorte.
On peut s’y procurer tout ce dont on rêve.
Dans cet antre merveilleux mais superficiel, la foule est encore plus compacte, oppressante, bruyante. Sophia doit slalomer entre des gens aux comportements ou vêtements bien étranges ou rigolos avant de trouver une sortie, qui n’est malheureusement pas la bonne.
Sophia est perdue et esseulée, la proie d’une meute de chacals qu’un chasseur au sourire bien trop carnassier fait fuir.
Il lui propose de l’emmener, le chemin est encore long.
Sa moto rapide, luisante de pluie aux phares perçants, file sur le périph’ mais il l’abandonne en chemin : mission urgente ! On devine laquelle !
La petite arrive enfin au mobil’home de sa grand-mère…
L’histoire n’est peut-être pas tout à fait finie… Il arrive que les loups ne s’en sortent pas, que les gyrophares arrivent à temps et que le téléphone ou les informations ne donnent pas que des mauvaises nouvelles…
De prime abord, cet album prend à la gorge.
Je me suis sentie étouffée, oppressée, par un trop-plein d’images, de publicités criantes, par le monde qui emplit chaque double-page, qui en déborde, par ce gris, la pluie qui ne lave rien, une ville sale, jonchée de détritus, de tags, de sans-abris, … Une grande tristesse s’en dégage mais surtout une indéniable violence… L’ensemble est glauque. La menace est latente. Sophia progresse entre habitude et hébétude, entre excitation et frayeur. N’est-ce que cela finalement la Ville ?
Puis, petit à petit, en relisant l’album plusieurs fois, en l’observant, le détaillant, je me suis surprise à aimer ces illustrations, à rechercher des personnages, des indices… Car tout nous ramène sans cesse à la trame du conte originel.
Outre le texte, chaque planche contient un ou plusieurs éléments de l’histoire, figurés ou « réels » : loup, chasseur, autorité (police, garde), dents, yeux… Dès lors, cet album devient un gigantesque cherche-et-trouve aux combinaisons multiples : un chien aux yeux rouges, une publicité avec des griffes, un tag où est inscrit « tuer », un graf avec des dents, un couteau sanglant…
Mon fils de presque 6 ans a beaucoup aimé voir l’album sous cet angle.
Qui est aussi une dénonciation de notre société de consommation, de la tablette tactile de la petite sœur toujours en chaise haute, au centre commercial, aux Père Noël voleurs, braqueurs, overdose de publicités, d’écrans et de médias…
Cette transposition moderne est d’ici et d’ailleurs.
Les publicités sont internationales, les marques, les langues sur les panneaux, les personnalités représentées proviennent des quatre coins du monde. On découvre dans les illustrations des gens de tous les horizons, de toutes les catégories sociales et où la religion se mêle au profane.
Pour adoucir cette cruelle histoire atemporelle, les auteurs nous la présentent comme tricotée par une petite mamie lumineuse dans un magasin de jouets qui la conte à une horde de gamins alors que l’orage cogne et gronde au-dehors.
Autour d'eux, toute la matière est là pour inventer, modifier toutes les histoires...
Vous avez oublié ce qui caractérise les histoires ?
Les histoires sont magiques. Qui a dit qu’elles n’avaient qu’une fin ?
Et on se prend à espérer.
Ce titre fascinant et incroyablement riche participe aux Challenges « Petit Bac 2015 » d’Enna, pour ma sixième ligne, catégorie Taille, ainsi qu’au "Challenge Je Lis Aussi des Albums 2015", donc.
Conte: Le Petit Chaperon Rouge
LE CONTE DU PETIT CHAPERON ROUGE Mon fils, actuellement en Moyenne Section, étudie ce conte en classe. D'où l'idée de lire différents livres et albums afin d'en recenser les similitudes ...
http://vivrelivre19.over-blog.com/2014/04/conte-le-petit-chaperon-rouge.html
Retrouvez ici tous mes articles autour du Petit Chaperon Rouge, ainsi que son histoire, ses origines, ses multiples détournements…
La petite fille en rouge - Roberto Innocenti / Aaron Frisch
"Approchez, les enfants, que je vous tricote une histoire. Les jouets, c'est amusant. Mais une bonne histoire, c'est magique. Et, lorsque la pluie cingle les carreaux, il n'est pas de meilleur mome...
http://aliasnoukette.fr/la-petite-fille-en-rouge-roberto-innocenti-aaron-frisch/
C’est grâce à l’article de Noukette que j’ai découvert ce titre ! Merci à toi !
Sous le feuillage: La petite fille en rouge
Histoire et illustrations de Roberto Innocenti Traduit de l'anglais par Catherine Gibert Album Jeunesse à partir de 7 ans et plus* "Approchez, les enfants, que je vous tricote une histoire." Une ...
http://souslefeuillage.blogspot.fr/2013/04/la-petite-fille-en-rouge.html
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