Exposition: Velázquez en son temps - 2015
Publié le 10 Juillet 2015
Velázquez en son temps
Exposition temporaire au Grand Palais de Paris
25 mars – 13 juillet 2015
C’est grâce à d’heureuses concordances que j’ai pu me rendre, avec ma fille, ma sœur et mon père, à cette exposition qui se termine très très bientôt !
J’aime beaucoup le Grand Palais où j’ai déjà pu me rendre à diverses expositions, toujours belles, fournies et riches de détails et d’explications : Pablo Picasso, Edward Hopper, Félix Vallotton, Hokusai…
Cette rétrospective est d’autant plus à faire que c’est la première fois que "Le peintre des peintres", aux dires d’Edouard Manet, est exposé en France ! Méconnu en-dehors des frontières espagnoles jusqu’au XIXe siècle, Diego Velázquez est désormais mondialement connu, et reconnu, pour son tableau intitulé Les Ménines. Maintes fois copié, détourné et inspirant.
Cette peinture ne figure pas dans l’exposition mais elle ne manque pas, comme nous l’avions craint.
La présentation de l’œuvre de Velázquez est à la fois chronologique et thématique, en replaçant le parcours de l’artiste dans son contexte social, politique et religieux.
Peintre économe, il a peu produit, mais peintre excellent, le moindre de ses tableaux est un chef-d’œuvre. Peintre d’un seul homme ou presque, le roi d’Espagne, Ses toiles sont pour la plupart conservées au musée du Prado à Madrid. A travers le monde, elles constituent souvent les joyaux des collections publiques ou privées qui ont la chance d’en posséder.
Elles y sont jalousement gardées.
D’ailleurs, la France n’en possède que deux.
Car pendant longtemps, la peinture italienne a dominé sa cousine espagnole et l'art et la maîtrise de Velázquez non reconnus comme tels. Malgré ses magnifiques portraits réalisés et envoyés dans toute l'Europe en vue des unions matrimoniales.
Pour vous en parler, je vais m’appuyer sur le livret et l'album de l’exposition.
Editions Réunion des musées nationaux - Grand Palais et Louvre Editions, 2015.
Ainsi que sur La revue Dada, Vélasquez. Numéro 198.
Éditions Arola, février 2015.
Vous pouvez d’ailleurs remarquer que son patronyme a ici été francisé. L’accent sur le « A », a été déplacé dur le « E » et le premier « Z » remplacé par un « S ».
Diego Rodriguez de Silva y Velázquez naît en 1599 à Séville.
A 12 ans, il entre dans l’atelier de Francisco Pacheco, lieu où on y apprend autant l’importance du dessin que le travail d’après nature, et où on y pratique la polychromie de sculptures en bois et où on y côtoie l’élite sévillane.
Témoin de son siècle, il sait s’approprier les différentes influences qui lui parviennent et notamment celles du Caravage ou, plus largement, d’Italie.
Son ambition le pousse jusqu’à Madrid, à la cour royale, où après avoir été éconduit une première fois, il parvient à faire un portrait du souverain Philippe IV en 1623, et ainsi gagner ses faveurs. Il est désigné Peintre du Roi en octobre de la même année.
Il fait la connaissance de Rubens avec qui il se lie d'amitié et qui l'aidera à accomplir certaines de ses envies.
Son ascension ne fait que commencer.
Il part deux fois en Italie (1629-1631 et 1649-1651), à la fois pour apprendre et se perfectionner, mais aussi pour acheter des œuvres pour le roi et faire venir des artistes. Il réalisera un portrait du Pape Innocent X (1650), à la vue duquel se dernier aurait dit « troppo vero » (« trop vrai ») !
Malheureux en politique comme dans la vie (perte de son fils aîné, enfants chétifs de son second mariage avec sa nièce), Philippe IV vouait un amour immodéré et éclairé pour l’art sous toutes ses formes. Soutenus par le pouvoir royal, tous les domaines artistiques connurent sous son règne un véritable âge d’or, depuis les fêtes publiques jusqu’au théâtre et autres formes littéraires, en passant par les arts plastiques. (Page 18 – Catalogue de l’exposition)
Derrière une apparente facilité, se cachent beaucoup de maîtrise, un grand sens de l’économie, tant dans la composition que dans les moyens employés. C’est pourquoi il est resté si longtemps le portraitiste de la famille royale (dont on note les changements et évolutions, mais toujours en conformité avec l’étiquette), tout en grimpant dans l’échelle sociale.
Velazquez peint les êtres tels qu'il les voit, sans fioritures ni rajout. En cela, il est un témoin provilégié de son temps qui observe et retranscrit avec détails le passage du temps, des âges, des modes, dans ses toiles.
(1623, repeint en 1628)
Vers 1628 / Vers 1631-1632.
Vers 1656.
L’exposition nous permet d’appréhender l’œuvre de Velázquez dans toute sa diversité avec des scènes de genre (les bodegones), des natures mortes, scènes mythologies ou religieuses et des portraits de grands aristocrates.
Saint Pierre pénitent. (Vers 1623).
(1618)
Il peint des scènes ou des personnes « moins nobles » mais toujours avec le même perfectionnisme, souci du détail ou même empathie.
En témoignent ses nombreux portraits de nains (« jouets vivants « des enfants - en couverture de la Revue Dada) ou bouffons, ou esclave. Tel Juan de Pareja (esclave qu'il a affranchi)
Velázquez ne s’arrête pas au rang social de son modèle, qui était esclave. Bien au contraire : dans cet image, il rend hommage à ce fidèle compagnon, qui l’assistait dans son travail de peintre. (…) Aucun peintre, avant Velázquez, n’a su rendre avec autant de respect et de vérité toutes les couches de la société. (pages 16-17 de la Revue Dada)
Diego Velazquez n’a pas été un peintre « productif ».
Il n’a peint qu’une centaine d’œuvres.
Ses nombreuses fonctions à la Cour ne lui ont pas permis de peindre plus, mais chacun de ses tableaux est un chef-d'œuvre.
Beaucoup lui ont été attribués alors qu’ils provenaient de son atelier ou de son successeur et gendre, Juan Bautista Martinez del Mazo.
Mais malgré un génie indéniable, il n’a pas fait d’émules. Un style certainement trop difficile à atteindre.
Il meurt en 1660.
Nous avons beaucoup aimé ses différent portraits et notamment ceux des infants et infantes.
L'infant Baltasar Carlos avec un nain (v 1631) puis le même sur son poney (1634-1635)
L'Infant Felipe Prospero (v 1659), né de son second mariage et sa soeur, l'Infante Marguerite, en bleu, une couleur peu utilisée par le peintre (vers 1659).
Même dans ses premiers, les expressions faciales et du regard, les détails du visage, le grain de la peau, la fatigue ou la santé chétive sont saisissants de réalisme.
Les couleurs des vêtements dégagent une impression tactile et un rendu chatoyant. On ne peut qu’observer la grande précision des détails, les plis, le soyeux de la matière.
On remarque qu’au fil des décennies, il intègre davantage la lumière à ses compositions, auparavant sombres, voire austères, tant dans les tenues que dans les décors.
Et pourtant, certains éléments nous ont paru pour le moins étranges : des mains non finies ou à peine esquissées, des seconds plans floutés ou des éléments comme des rajouts ultérieurs…
Tel ce corbeau tenant en son bec un pain. Sur cette photo, cela ne détonne pas autant qu'en "vrai".
Saint Antoine Abbé et saint Paul, premier ermite (Toile et Détail) - 1635.
Ou sur le tableau, La Tunique de Jospeh (v 1630) ou certains personnages sont extrêmement travaillés et d'autres, en retrait, mais tout de même quasiment au centre, comme floutés.
Les œuvres de Diego Velázquez sont aujourd’hui mondialement connues et La Revue Dada nous propose de les voir revisitées par des peintres plus contemporains.
Comme pour ses autres numéros, elle propose un abécédaire de l’artiste avec ensuite des idées d’ateliers à faire chez soi, ou en groupe, puis des actualités culturelles ou littéraires.
Je vous ai déjà présenté d’autres numéros de cette Revue que nous apprécions particulièrement à la maison: Keith Haring, Hiroshige et Hokusai.
Pour en découvrir davantage sur l’exposition, la préparer ou la prolonger, et parce qu'il y a encore tant à dire, le Grand Palais a fait toute une série de petites vidéos que je vous invite grandement à visionner.
Belles lectures et découvertes !
Blandine.
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