Hé, petite ! Yaël HASSAN

Publié le 13 Juin 2015

Hé, petite !

Yaël HASSAN

Editions De la Martinière Jeunesse, collection « Confessions », novembre 2003.

159 pages.

Dès 10 ans.

Thèmes abordés : Témoignage, différences, adolescence, voyage, volonté.

Par ce livre, Yaël Hassan nous raconte un pan de son enfance, de sa jeunesse, de son adolescence, qui l’a construite et forgée…

Durant sa jeunesse, Yaël n’entendait et ne retenait qu’une seule chose à son égard : sa taille ! Sa petite taille, sa trop petite taille ! Celle qui faisait qu’elle ressortait toujours avec le papier confidentiel de la visite médicale scolaire, celle qui a fait que malgré deux ans de danse classique et autant d’efforts et de souffrances, elle a été recalée, celle qui lui a valu la peur d’être rejetée jusque dans sa famille, moqueries, quolibets, gratuits sinon méchants. Et ce tant de la part des enfants que des adultes.

J’ai passé la mienne {adolescence] à supporter le regard des autres. Et rien de plus cruel, de plus blessant que le regard de l’adolescent sur celui de ses pairs qui a le malheur de se distinguer par une apparence physique sortant quelque peu de la norme, de ses normes.

Page 7.

Yaël nous raconte la difficulté de la différence, quelle qu’elle soit. Car si ce n’est pas sur ça, ce sera sur autre chose. Il est nécessaire de prendre conscience que n’importe quoi peut devenir un sujet de différence et l’objet de moqueries et/ou rejet. Alors autant en faire sa force puisque certaines choses ne peuvent être changées.

Avec le temps, Yaël a su se forger une carapace, rendre « les coups ». Les réparties se sont ajoutées au mépris et une hargne peut-être plus développée que pour le commun des enfants/adolescents l’a aidée à en vouloir davantage.

-Voyons ! On ne t’a jamais dit que c’est sa pensée et non sa taille qui fait la grandeur de l’homme ! Tu n’avanceras jamais dans la vie si tu te focalises sans cesse sur la tienne. Quand je disais qu’il faut savoir s’imposer, je ne l’entendais pas par la force physique. C’est se faire sa place dans cette jungle-là qui est difficile. Et pour y arriver il faut une grande force de caractère. Sache que pour pratiquement personne la vie n’est facile. Ton chemin, comme ceux de tant d’autres, sera semé d’embûches. Mais il te faut croire en toi, c’est ce qui est important.

Page 134.

En marge, Yaël nous raconte sa vie, l’histoire de sa famille, juive qui a failli être déportée durant la Seconde Guerre mondiale, les privations alimentaires, autres petites bizarreries telles son accent belge, les différents moyens pour remédier à sa petite taille (hormones et scandales sanitaires, diktat actuel de l’apparence…) Chaque chapitre s’ouvre par une citation, de personnalité ou d’anonymes, toujours justes ! Un petit bémol : les couleurs de l’intérieur du livre, orange et vert fluo, qui peuvent rebuter un lecteur nonchalant.

Ne jugez pas le grain de poivre d’après sa petite taille, goûtez-le et vous sentirez comme il pique.
Proverbe arabe.

Page 12

Née en 1952 à Paris, ses parents s’installent en Belgique avant de revenir en France de 1966 à 1970, avant de partir pour Israël, d’où elle repartira à nouveau pour la France en 1984.

Evoluant dans le milieu du tourisme, un grave accident de voiture en 1994 la fait radicalement changer de voie. Durant sa longue convalescence, elle se met à écrire et participe au concours de Littérature pour la Jeunesse organisé par le Ministère de la Jeunesse et des Sports, qu’elle remporte avec Un grand-père tombé du ciel et qui obtient plusieurs Prix : Prix du Roman Jeunesse 1996 du Ministère de la Jeunesse et des sports et Grand Prix du Jeune Lecteur de la PEEP, puis Prix Sorcières 1998.

D’elle j’ai lu La fille qui n’aimait pas les fins, co-écrit avec Matt7hieu Radenac, lauréat du Prix des Incorruptibles 2014-2015, catégorie CM2/6e.

Ce témoignage résonne un peu en moi, car tout en étant plus grande que Yaël, je ne le suis pas de beaucoup, et les méchancetés qu’elle a subies, je les ai eues aussi, surtout au collège et particulièrement en sport…

Cette collection est très intéressante. Elle donne la parole à des écrivains pour décrire des moments difficiles mais fondateurs de leur vie, généralement à l’adolescence. Ce sont autant d’expériences à offrir à un jeune lectorat afin de monter que tout est possible, qu’ils ne sont pas seuls. Quelque part, à tout moment, quelqu’un peut vivre quelque chose de similaire et il est rassurant de lire, de découvrir, que des personnalités ont connu les mêmes souffrances et moqueries et les ont dépassées !

Ce titre participe au Challenge « Petit Bac 2015 » d’Enna pour ma quatrième ligne, catégorie Taille.

Belles lectures et découvertes !

Blandine.

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N
J'aime beaucoup l'écriture de Yaël et ce livre m'attire pour différentes raisons ... C'est vrai que la moindre différence est souvent source de moqueries et de mises à l'écart malheureusement.<br /> Merci Blandine et beau week-end à vous <3
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