Le théâtre du poulailler. Helen PETERS. (Dès 10 ans)
Publié le 18 Avril 2015
Le théâtre du poulailler.
Helen PETERS
Editions Gallimard Jeunesse, collection Folio Junior, mai 2013.
Dès 10 ans.
Thèmes abordés : théâtre, famille, transmission, amitié, entraide, partage, passion.
Voici un très beau roman, très sensible, abordant des sujets difficiles, à la fois actuels et intemporels.
Hannah Roberts, 11 ans, est l’aînée d’une fratrie de 4 enfants. Après elle vient Martha, coquette et "p'tite peste", Joanne et Sam, les inséparables. Orphelins de mère, ils vivent dans une vieille ferme comme on n’en voit presque plus, dans la propriété de Clayhill, commune de Linford, dans le Sussex, Angleterre.
Les arrières-grands-parents d’Hannah étaient de riches Londoniens. Ils auraient voulu que leur fils unique, le grand-père d’Hannah, devienne avocat. Mais lors de vacances dans le Sussex, il était tombé amoureux de la région et avait décidé de devenir agriculteur. (…) Quand il était rentré de la guerre, il avait loué la ferme de Clayhill. Elle était très mal entretenue. Il n’y avait pas l’électricité ni l’eau courante. Les champs étaient plein de mauvaises herbes. La cour n’était qu’une mare de boue.
Au fil des années, toute la fortune de la famille y était passée. L’argenterie et les beaux meubles avaient été vendus pour payer les factures.
Si l’électricité et l’eau ont été raccordées, le reste de la propriété tombe en décrépitude. Outils, bidons, sacs, poussières encombrent chaque recoin. Depuis la mort de sa femme, le temps s’est comme suspendu pour Arthur Roberts, constamment soucieux, l’air maussade et irritable.
Il semble préférer la compagnie de ses bêtes à celle de ses enfants. C'est Hannah qui assume le quotidien en préparant les repas, en les habillant ainsi que les responsabilités diverses.
Et elle trouve le temps de lire et de s’adonner à sa passion, le théâtre ! Elle écrit des pièces qu’elle met en scène avec sa copine Charlotte Perfect (dite Lottie), aussi parfaite que son patronyme !
Elles se sont inscrites au concours de théâtre de jeunes amateurs de Linford mais elles n’ont que trois semaines pour tout faire ! Et avant toute chose, il leur faut trouver un espace où monter leur théâtre !
Après moult recherches, elles trouvent l’endroit parfait, dissimulé au fin fond de la propriété, loin des yeux et des oreilles de son père, absorbé par ses problèmes, et tout entier contre ces bêtises de théâtre (page 49).
Dès lors, nous suivons leurs idées, avancées dans leur projet comme si nous y étions ! Elles vont devoir faire des compromis, accepter d’en parler et d’intégrer les frères et sœurs d’Hannah, le tout dans le plus grand secret.
A l’aide de vieilles portes, planches et cagettes qu’elles avaient dénichées dans la cour, les deux filles avaient construit un mur du fond. Vu de derrière, il était tout rafistolé et plein de clous. Mais de l’autre côté, il faisait illusion. Maintenant, elles voulaient le recouvrir de fines planchettes pour figurer des boiseries, puis elles les peindraient en marron avec le pot que Lottie avait trouvé dans le garage de son père.
Décor, costumes, agencements, accessoires apparaissent peu à peu grâce à leur imagination, débrouillardise, courage et liberté d’action. Car les enfants jouissent d’une très grande autonomie. Les deux grandes filles vont au collège, mais leur vie là-bas n’y est décrite que d’un point de vue relationnel : amitiés ou antagonismes, voire jalousies et haines. Et premières amours.
En parallèle, Hannah découvre, par petits bouts, mauvais hasards ou recoupements, les énormes pressions et difficultés financières auxquelles son père doit faire face. Sa force et sa fragilité.
Le projet avance bien mais non sans embûches, parfois lourdes de conséquences et qui font peser sur les épaules d’Hannah, un poids, un fardeau bien trop lourd, la culpabilité. Elle qui rêve tant d’aider son père. Elle fait cependant preuve d’une grande maturité et avec sa copine, elles forment un duo solide et complémentaire, alliant rêve, utopie, sagesse et solidarité.
Le théâtre du poulailler est une histoire à rebondissements de famille, de transmissions et de deuils, de non-dits et silences mais aussi d’amitié, de vie et de respects. On ressent toute la passion que nos petits héros, très attachants, mettent dans cette entreprise, tout autant que l’impact des problèmes des adultes sur eux.
Le roman est riche de détails, de descriptions et d’émotions. Même si Hannah est parfois gênée au vu de l’état de la ferme ou de ses habits, elle n’en reste pas moins fière de son père et de son métier. Tous ses sentiments sont très bien retranscrits et m’ont traversée toute entière. J’ai souvent eu les larmes aux yeux, ou frémis d’impatience ou d’indignation selon les pages. Pages lues à différents rythmes en fonction du titre des chapitres. Excitation retenue ou lecture lente pour retarder le moment du Nouveau souci ou de la Catastrophe !
Cependant, j’ai trouvé la fin, heureuse, trop rapide et paradoxale, surtout quant à l’attitude du père d’Hannah. En vérité, je ne la trouve pas cohérente.
Le début du roman, l’état de la ferme, quelques attitudes et réparties des enfants m’ont clairement fait penser à Fifi Brindacier d’Astrid Lindgren.
Dans l’encadrement de la porte se tenait un homme trapu, rougeaud, le torse bombé. Il se balançait d’un pied sur l’autre, transi de froid. In aurait dit un dindon furibond. Ses cheveux bruns et gras étaient collés à son crâne. Il tenait un bloc-notes de ses doigts boudinés.
Il toisa les enfants en marmonnant :
-Qu’est-ce que c’est que ce bazar !
Le théâtre du poulailler est en quelque sorte une autobiographie romancée d’Helen Peters qui a grandi dans une ferme, dans le Sussex, entourée d’animaux et de boue. Tout comme Hannah et Lottie, elle aimait lire et écrire des pièces de théâtre, dont on retrouve l’une d’elles, par bribes, dans le livre. Après avoir été prof d’anglais et de théâtre, elle décide des années plus tard d’écrire les livres qu’elle aurait aimer lire étant plus jeune et vit désormais à Londres.
Ce roman fait partie de la sélection pour le Prix des Incorruptibles, sélection CM2/6e, pour l’année scolaire 2014-2015.
Je vous ai présenté d’autres livres sélectionnés pour ce prix, pour cette année ou non, et d’autres catégories d’âge.
Sami, Goliath, Oscar, Ousmane et les autres... Claire CLEMENT Editions Bayard Jeunesse, collection " Estampille ", avril 2013. 258 pages. Dès 9 ans Thèmes abordés : Amitiés, solidarité, diffé...
http://vivrelivre19.over-blog.com/tag/prix%20des%20incorruptibles/
Depuis 26 ans, les Incorruptibles décernent un prix, par le biais des élèves à l’école/collège, à un album ou livre. Six livres sont mis en compétition selon un ou deux niveaux de classe. A tour de rôle, les élèves lisent et ramènent chez eux pour le lire en famille, ou simplement plus calmement. Parfois les parents sont même invités à voter pour leur livre préféré, comme ce fut le cas pour nous lorsque ma fille était en CP (2010-2011).
« Le prix littéraire des Incorruptibles a été conçu comme un jeu, un défi à relever. Son objectif est de changer le regard des jeunes lecteurs sur le livre, afin qu’ils le perçoivent comme un véritable objet de plaisir et de découverte. L’association a reçu en 2013 l'agrément de l'Éducation Nationale, en tant qu’association éducative complémentaire de l’enseignement public. »
Un immense coup de cœur qui résonne et que je ne peux que vous inviter à lire, dévorer, vivre !
Belles lectures et découvertes !
Blandine.
L'avis d'Ambre, 10 ans.
J'ai adoré cette histoire de théâtre, de ferme et de famille.
Hannah a un grand projet: monter une pièce de théâtre pour sauver la ferme de son père et les animaux. Assistée de son amie Lottie et de ses frères et sœurs, son projet se concrétise peu à peu malgré les différentes difficultés. Arrivera-t-elle à son objectif?
Venez vite le découvrir!
Je vous conseille très vivement cette lecture!
Elisabeth Brami nous fait l'honneur d'être la nouvelle marraine du Prix des Incorruptibles. "Sous le signe du lien La littérature est un droit pour tous, et donner le meilleur d'elle aux enfants est
Cette année, la marraine des Incos est Elisabeth Brami.