Exposition temporaire Reflets de Guerre. 1914-1918 en lumière Et Musée des Années 30 à Boulogne-Billancourt (92)
Publié le 17 Avril 2015
Depuis le 12 novembre 2014, une exposition temporaire consacrée à la Première Guerre Mondiale et à son impact dans la société d’alors a pris place dans le Musée des années 30, Espace Landowski, de Boulogne-Billancourt (92).
Elle devait initialement se terminer le 8 mars 2015, mais a heureusement été prolongée jusqu’au 14 juin 2015.
L’exposition s’organise autour de trois axes, centrés sur l’impact, la vision, le « reflet » de la guerre sur l’Arrière, la société d’alors et celles qui suivirent. La manière dont le conflit s’est répercuté et la place qu’il a occupé dans le débat politique et économique, dans les mémoires individuelles, familiales, des villes et à l’échelle nationale.
Pas de tranchées, de terre, de sang, d’artisanat des tranchées ici, l’approche est originale et thématique.
Se mobiliser.
Bien avant la guerre, l’Allemand était caricaturé dans la presse et la mobilisation puis la longueur du conflit n’ont fait qu’exacerber la haine du Boche dans la société en l’accusant de tous les maux. L’exposition nous dévoile plusieurs Unes de journaux satiriques. On y découvre la situation de la population française, l’inflation des prix (ou la viande, la margarine coûte bien plus cher que le vin), la vision que l’on a du soldat, du père, de l’homme politique, de l’ennemi…
La guerre coûte cher et les campagnes de souscription nationale se succèdent, auprès d’une population de plus en plus exsangue. Les style, les dessins, les agencements dans les dessins des affiches (Abel Faivre, Lucien Jonas, Francisque Poulbot) est important à observer. L’attitude des soldats retranscrit le sentiment général, et ils sont de plus en plus forts, conquérants, victorieux !
Vivre la guerre.
Il y a bien sûr les combattants, leurs écrits, leurs quelques permissions, leurs souvenirs racontés ou tus, les blessés, les morts… Comme je le notais plus haut, cette réalité est à peine évoquée dans cette exposition. On n’en trouve que quelques bribes ça et là. On voit des dessins d’un ou deux combattants et davantage de croquis, dessins, études et photographies d’essai de la Section de Camouflage.
C’est au Musée de la Grande Guerre du Pays de Meaux qu’il me semble avoir vraiment découvert leur travail et j’en ai été bluffée ! Quelle ingéniosité !
Si dans l'art de la guerre l'usage du leurre est une tactique ancienne, il est longtemps utilisé de manière ponctuelle car qualifié de lâche.
Avec le développement de l'artillerie, la Grande Guerre change la donne. Le camouflage devient une arme imaginée dès septembre 1914 par deux artistes français mobilisés au front: Guirand de Scévola et Guingot.
Convaincu, l'état-major crée le 14 août 1915 la section camouflage.
(Livret d'aide à la visite)
Le Musée de la Grande Guerre du pays de Meaux -
Le Musée de la Grande Guerre du pays de Meaux Dans le beau-livre documentaire 14-18 LA VIE AU QUOTIDIEN, Les coulisses de la guerre en images de Chantal ANTIER et Gérard PETITJEAN, je vous avais ...
http://vivrelivre19.over-blog.com/2014/05/le-musee-de-la-grande-guerre-du-pays-de-meaux.html
Bien sûr, la guerre n’épargne pas les enfants. Ils subissent déjà l’absence d’un père, d’un frère, d’un cousin, d’un ami… Eux aussi se doivent de participer à l’effort national. A l’arrière, la guerre se répercute partout, jusque dans les objets de loisirs des enfants et écoles.
Les livres, albums, manuels scolaires sont clairement orientés. C’était déjà un peu le cas avant le déclenchement de la guerre, avec les mini uniformes/déguisements pour enfants, les bataillons scolaires (durant 9 ans), en géographie avec la carte de France amputée de l’Alsace-Lorraine (Cf l’Album PARIS Voyage à la Belle Epoque)
"L'alphabet de la Grande Guerre." André Hellé. http://amisdhelle.blogspot.fr/2014/03/abc-de-la-guerre.html
"L'alphabet de la Grande Guerre." André Hellé. http://centenaire.org/fr/dans-le-monde/amerique/etats-unis/une-serie-devenements-dans-lensemble-du-midwest-pour-le-centenaire
"Un général de cinq ans", Judith Gautier et Alice Bergerat. http://archives.hauts-de-seine.net/bibliotheques/bibliotheque-andre-desguine/expositions-virtuelles/la-grande-guerre-vue-par-un-enfant-un-general-de-cinq-ans/
Avec le conflit, cela s’étend à toutes les matières, en français avec les abécédaires et la lecture, l’histoire, les mathématiques et les problèmes, les arts où différents concours d’affiches ont lieu.
Vecteur de propagande, son image (celle de l'enfant) est volontiers utilisée pour susciter l'émotion et pour convaincre du bien-fondé des hostilités et des privations.
(Livret d'aide à la visite)
Marthe Picard. "Elle est la lauréate d'un concours pour les écoliers de 11 à 16 ans. Son affiche fait partie d'une série sur le thème des restrictions."
Se souvenir et reconstruire.
Juste après la fin de la guerre, devant l’ampleur de la reconstruction, tant matérielle que psychologique et émotionnelle, le devoir de mémoire s’installe immédiatement… et chaque commune souhaite se doter d’un Monument aux Morts.
En quatre ans, 1,4 millions de soldats français meurent au combat. Pour apaiser ce deuil immense, la loi du 25 octobre 1919 relative à la commémoration et à la glorification des morts pour la France au cours de la Grande Guerre, prévoit de subventionner les communes qui souhaitent ériger un monument en l'honneur de leurs morts. Plus de 30 000 seront construits.
(Livret d'aide à la visite)
Nous découvrons dans la dernière partie de l’exposition une importante collection de dessins préparatoires, maquettes, essais, statues de différentes formes et tailles de Max Blondat, Paul Landowski, Marcel Loyau, Gilbert Privat… Leurs statues, aux styles très divers, sont visibles un peu partout en France.
Monument aux morts de Boulogne-Billancourt, oeuvre de Paul Landowski et érigée en 1924. http://www.google.fr/imgres?imgurl=http%3A%2F%2Fwww.monumentsauxmorts.fr%2Fcariboost1%2Fcrbst_boulogne-billancourt0.jpg&imgrefurl=http%3A%2F%2Fwww.monumentsauxmorts.fr%2Fcariboost1%2Fcrbst_1378.html&h=645&w=430&tbnid=VYTpUosO60HdmM%3A&zoom=1&docid=IoHrHxzcjCJYYM&ei=jwYwVe2NIJOMaJemgdAM&tbm=isch&iact=rc&uact=3&dur=187&page=1&start=0&ndsp=20&ved=0CCQQrQMwAQ
(... Il) ne comporte aucune liste nominative gravée, le recensement des disparus n'ayant pas encore été alors effectué en intégralité. Dans le cadre du centenaire de la Première Guerre mondiale, le service des Archives de la ville en collaboration avec le Cercle généalogique de Boulogne-Billancourt a réussi à dresser l'inventaire de tous les soldats boulonnais Morts pour la France.
(Livret d'aide à la visite)
Quand je suis en vacances, j’aime aller voir le Monument aux Morts, découvrir le statuaire, l’agencement, les symboles choisis, et lire TOUS les noms inscrits…
La visite se termine avec des objets décoratifs afin d'embellir les intérieurs mais aussi pour se souvenir: statuette, vaisselle...
La visite se complète de quelques bornes multimédia où nous pouvons consulter les livres d’enfants par exemple, d’une salle de médiation (surtout pour groupes ou scolaires) avec deux grandes cartes murales de l’Europe avant/après la guerre, quelques activités manuelles et une petite bibliographie.
Pour conclure, cette exposition est riche de documents et d’enseignements.
Je trouve très intéressant d’avoir choisi de ne parler de la guerre que par le prisme de l’Arrière et de l’après. C’est un point de vue un peu osé car il « relègue » le combattant, le soldat, pourtant paradoxalement toujours présent.
Pour les jeunes visiteurs, un livret-jeu, un peu succinct, leur est remis gratuitement à l’entrée sur demande.
MUSEE DES ANNEES 30.
Les expositions temporaires se situent dans un espace dédié du Musées des Années 30 mais le prix du billet d’entrée permet les deux. Ce que nous avons fait ! Mais malheureusement pas dans son entier car le temps nous a manqué…
Le Musée des Années 30 regorge de mobilier en tout genre : armoires, chaises, fauteuils, lits, tables avec ce style si particulier de l’Art Déco que j’aime beaucoup.
Je m’étais d’ailleurs rendue à la très belle exposition que le Palais de Chaillot (Paris, Trocadéro) avait organisée l’an passé: 1925: Quand l'Art Déco séduit le monde.
Exposition 1925, quand l'Art Déco séduit le monde -
Exposition temporaire au Palais de Chaillot 1 Place du Trocadéro et du 11 Novembre. 75016 Paris 16 Octobre 2013-17 février 2014. Prolongée jusqu'au 3 mars 2014. Ce lundi 17 février 2014, je sui...
Et dans laquelle, le Musée des Années 30 avait prêté plusieurs pièces, comme ces maquettes de résidences particulières que l’on trouve surtout dans le nord de Boulogne.
Maquette de l'hôtel particulier Renard (1900), 19 bis Avenue Robert-Schuman, Boulogne par Jean-Léon COURREGES (1885-1948)
Maquette de l'hôtel particulier (1900 - Art Nouveau), 62 Route de la Reine, Boulogne par Alexandre Barret.
Il a été très amusant, je dois l’avouer, de voir ou revoir certains objets du quotidien : téléphones, rasoirs, fers à repasser, machine à coudre (dont une Singer vue également à Cervione en Corse), jouets avec Babar, Mickey, Bécassine…
L’espace est vaste et plutôt bien agencé avec une importante collection de statues et œuvres d’ordre religieux. De nombreuses peintures complètent l’ensemble.
"Première offrande." (1923) Henri ARNOLD (1879-1945) Portrait de la première filel dusculpteur, Gisèle, à 13 ans.
Ici aussi, un livret-jeu est remis aux jeunes visiteurs à l’entrée sur demande, mais nous n’avons pas eu le temps de le faire.
Si l’occasion vous est donnée d’aller à Boulogne-Billancourt, allez visiter ce Musée, et plus encore l’exposition Reflets de Guerre puisque limitée dans le temps !
Belles visites, Blandine.
Cet article participe au Challenge « Une année en 14 » de Stephie.
La Grande Guerre - Histoire et bibliographie. -
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