Le grand livre de la bagarre. Davide CALI et Serge BLOCH - 2013 (Dès 5 ans)

Publié le 14 Janvier 2015

Le grand livre de la bagarre

Texte de Davide CALI

Illustrations de Serge BLOCH.

Editions Sarbacane, 2013.

Dès 5 ans.

Notions abordées : école, bagarre/guerre, amitiés, caprice, fierté.

Mes deux garçons, qui ont 22 mois d’écart, se bagarrent tout le temps. Pour un oui, un non, LA voiture que l’autre a, alors que des dizaines d’autres sont délaissées autour. Ça ou le playmobil, le crayon, la feuille, le livre (oui aussi ! ouf, tout n’est pas perdu !), le fait d’être servi avant… Bref, ils se castagnent, mais heureusement, ils s’aiment !

Aussi, quand j’ai vu ce livre à la bibliothèque, et découvert qui en était l’auteur, je l’ai emporté direct !

Succès total !

Vous croyiez tout savoir sur la bagarre ?!

Que c’est juste se refiler quelques coups et points, et en sortir avec quelques bleus pour prouver son courage ou sa valeur ? Ah non, c’est beaucoup plus subtil, presque un art !

Même si ce goût pour les coups est inhérent à l’Homme depuis toujours…

Grâce à l’humour, l’auteur explique les règles et les dérives de la bagarre (la guerre), que cette dernière n’est pas une fin, n’est pas un moyen, que souvent le pourquoi de la bagarre (s’il n’a pas été oublié entre temps) est « décevant ».

Les raisons de la bagarre.
La vraie bagarre est un jeu.
Si la raison de la bagarre, c’est la haine, ce n’est plus du jeu.

L’auteur a placé sa bagarre dans une cour d’école au moment de la récréation, mais elle se transpose tout à fait dans le cadre de la fratrie, comme n’importe où.

Davide Cali retrouve Serge Bloch avec qui il avait collaboré sur l’album L’ennemi.

Les illustrations sont à la fois très simples et très descriptives, brouillonnes et travaillées, rigolotes et ouvertes au débat, le tout renforcé par les dimensions de l’album (31,5*38 cm).

Les traits noirs sont au crayon, souvent sur fond blanc, peu de couleurs mais des légendes en plusieurs tailles et couleurs. On utilise plusieurs intonations lors de la lecture et les enfants adorent !

L’album permet de nous interroger sur notre rapport à la bagarre.

Ma sœur ne l’a pas apprécié, à mon inverse, car elle trouve qu’il fait une certaine apologie de la bagarre, ou la banalise. Pour ma part, je trouve qu’il nous demande : pourquoi se bagarrer ? Dans quelles conditions et jusqu’où ? Est-ce utile ou évitable ? Quelles conséquences amène-t-elle ? Et les filles, pourquoi ne pourraient-elles pas se bagarrer ? Nous parents, ne l’encourageons-t-elle pas inconsciemment aussi ? Par l’esprit de compétition notamment.

Les parents disent toujours : « Jeux de mains, jeux de vilains ! »
Et puis le mercredi, ils t’emmènent au rugby et ils te crient à pleins poumons de plaquer le costaud de l’équipe d’en face qui court droit sur toi avec le ballon…

Et pour vous, la bagarre, c’est quoi ?

Oui le temps a passé, du temps s'est écoulé, mais les bagarres demeurent et sont de plus en plus violentes... La bagarre, la guerre, les attentats, la frontière semble si ténue, car souvent, cette dernière "explose" les barrières de l'école, heurte les enfants, banalise la violence

"Enfants, ne jouez pas à la guerre!" scandait-on au lendemain de la Grande Guerre! Les enfants ont grandi, ont fait la guerre, des enfants à leur tour... et la boucle semble infinie...

Un album d'une cruelle actualité pour montrer aux enfants les différences, le jeu de ce qui n'en est plus un... et les conséquences...

Je vous ai déjà chroniqué des albums de Davide Cali, outre L’ennemi, cité plus haut.