Blanc-de-gris. Julie DUDOUX / Marie-Blanche CORDOU (+ interview) - 2014
Publié le 1 Octobre 2014
Blanc-de-gris
Julie DUDOUX / Marie-Blanche CORDOU
Editions Edilivres, mars 2014.
252 pages.
Lu sur ma liseuse.
Thèmes : famille, amour, vie, transmission familiale.
Tout d’abord, je tiens à remercier Julie Dudoux pour m’avoir gracieusement donné son livre afin que j’en fasse une critique.
Chloé est une jeune femme vive, aimée et aimante, entourée par les siens et son mari, Nathan. Elle apprécie beaucoup son métier, enseignante, et son bonheur explose à la naissance de son fils, Loris.
Mais ça, c’est l’apparence qu’elle veut donner.
A partir de ce jour, cette boule mélangée d’espoir, d’angoisse, de regrets, ne m’a plus quittée…
Derrière son assurance, Chloé doute, a peur, tente d’analyser, essaie de décrypter chaque évènement, petit ou grand.
Sa belle-famille est aussi absente et médisante que sa famille est proche. Sa belle-mère, Odile, ne l’aime pas et n’a de cesse de la rabaisser, de l’humilier, par petites piques, jusqu’à ce que la situation explose.
La vie continue, le bonheur et l’amour n’apaisent pas toujours les craintes ou les colères mais aident à les dissimuler. Mais une ombre plane.
Cet adversaire que j’ai mis du temps à découvrir, qui a fait de mes soirées, un enfer de plus en plus pesant. Nathan refusait l’évidence, niait son attirance pour lui. Combien de disputes pendant que Loris dormait… Et puis des lendemains sereins, des matinées d’excuses, de bonnes résolutions, de pardons avec toujours cet espoir qu’il l’oublie à jamais. Mais c’était parfois plus fort que lui, il allait le retrouver.
Et puis un jour, la vie bascule. Est-ce une conséquence de micro-évènements, d’accumulations de secrets et non-dits, de silences, de choses qu’on n’a pas voulu voir ?
L’accident enferme Chloé et nous enferme avec elle dans sa bulle, coupée du monde, mais pas tout à fait… Son monde a explosé, la réalité est trop dure, à moins que cet entre-deux ne soit la réalité, elle ne sait plus. Comme ce titre qui nous laisse dans cette dualité. Une voix, douce et persistante, l’empêche de sombrer puis la ramène, doucement, à la lumière, à la vie.
Les mots sont simples, et malgré quelques répétitions dans le texte ou les idées, je me suis laissée emporter. La seconde partie du roman m’a vraiment surprise et captée. Du suspense, quelques flash-back le rendent haletant, volontairement chaotique, comme les sentiments de son héroïne.
J’ai aimé qu’une citation ouvre chaque chapitre, un voile à peine levé sur son contenu ; les nombreuses références, littéraires, musicales, filmographiques, au sein du texte, et notamment à Vipère au poing (d’Hervé Bazin).
Cette lecture douce-amère, à la fois banale et si intime, nous pousse à nous interroger sur nous-mêmes, à ces réflexions universelles qui sont en chacun de nous, à notre rapport aux autres, la famille en premier, à faire attention aux détails. On y devine, les recherches, les questionnements et l’on se demande où se trouve la barrière entre la réalité et la fiction ou même si elle existe…
Je ne peux que vous inviter à découvrir la plume de cette jeune auteure grâce à son premier roman, qui nous plonge dans un univers particulier et certainement méconnu.
Julie a gentiment accepté de répondre à trois questions et je l’en remercie !
1/ C'est votre premier roman, mais avez-vous déjà écrit auparavant, nouvelles, poèmes, et été publiée?
Oui, c’est mon premier roman publié mais j’ai un deuxième recueil de nouvelles en attente d’édition et la suite de Blanc-de-gris en cours. J’ai toujours écrit par ci par là mais je n étais jamais allée au bout de mon rêve qui était l’aboutissement d’un livre et que j’ai réalisé tant bien que mal.
2/ Il est souvent dit qu'un premier roman contient beaucoup d'éléments autobiographiques. Est-ce le cas pour vous?
La première partie reprend quelques éléments autobiographiques effectivement, revisités selon ma fantaisie. La seconde est de la pure fiction sauf mes souvenirs d’enfance qui, eux, sont vrais.
3/ Certains aspects, réflexions ou moments de vie de Chloé, se sont un peu confondus avec les miens, alors que d'autres pas du tout. Avez-vous été inspirées par des femmes de votre entourage (ou vous-même, ce qui rejoint la question précédente), ou observer des inconnues, pris des références ça et là (on le voit aussi grâce aux citations)?
J’ai été inspirée par moi-même mais aussi par les femmes qui m’entourent, c’est vrai. Je lis énormément et j ai fait beaucoup de recherches (…) sur le sujet qui éclaire la fin du livre. Chloé me ressemble beaucoup sur le plan émotionnel, avec ce livre nous avons mûri toutes les deux. Elle intériorise beaucoup comme moi.
Une suite est donc en cours d’écriture, que j’ai hâte de découvrir !