Azulie dans la nuit. Une approche originale des œuvres de Marc Chagall. Nancy GUILBERT. (Dès 7 ans) (+ Interview)

Publié le 31 Octobre 2014

Azulie dans la nuit.

Une approche originale des œuvres de Marc Chagall.

Texte de Nancy GUILBERT.

Editions Léon arts & Stories, collection « Art-Fiction », 23 octobre 2014.

Dès 7 ans.

Notions abordées : l’Art, peinture, mythologie, peur, amour.

En premier lieu, je tiens à remercier Nancy Guilbert ainsi que la maison d’Éditions Léon art&stories qui m’ont permis de découvrir ce très bel album.

Nous voici entraînés dans un conte onirique et initiatique où les ombres de la nuit attirent tout autant qu’elles terrifient la jeune Azulie.

Endormie, un songe l’agite.

Accompagnée d’un bel oiseau bleu, l’obscurité lui dévoile ses charmes.

(…) des rêveries cueillent des fleurs de nuit, des poissonges dansent et un arbre aux poèmes se balance sous les rayons de lune.

Mais tout n’est qu’apparence !

Derrière ces beautés, le Bien et le Mal s’affrontent.

Le Maître des cauchemars a transformé les êtres et les lieux.

Seule Azulie détient le pouvoir de les libérer grâce à son courage, son innocence, à la musique de son violon puis au Miroir de vérité.

Il lui faut puiser en elle-même la force de dépasser ses peurs et ses craintes, alors que tournoient autour d’elles de mauvaises volontés et silhouettes.

Ainsi s'accomplira son destin!

J’ai vraiment beaucoup aimé cet album ainsi que le concept des Editions Léon Art&Stories.

Elles s’illustrent par leur désir d’explorer de nouvelles formes narratives et graphiques pour accompagner enfants et adultes dans la lecture d’image. Chaque album propose une intrigue, du suspense et de l’émotion, comme dans une histoire, tout en explorant une œuvre d’art. Les détails vus en gros plan forment la trame du récit.
La collection est aujourd’hui référencée à la Réunion des Musées Nationaux.

C’est à nouveau au détour d’une œuvre « aux différentes nuances de bleu » que je croise Nancy Guilbert.

La première fois ce fut dans le bleu de La Grande Nuit dont je vous parlais ici, sous La Nuit étoilée de Vincent van Gogh.

Nous nous retrouvons à nouveau dans une nuit, d’abord plus sombre, grâce à Azulie, doux prénom poétique, d’inspiration espagnole.

A chaque lecture, de nouveaux éléments se présentent à moi, tant dans le texte que dans les peintures de Marc Chagall.

Le texte est empreint de références multiples : mythologiques, symboliques, religieuses, cultures d’ici ou d’ailleurs. Il se révèle au fil des lectures et emprunte au champ lexical de la magie et des rêves : « mélancoliques », « personnages féériques », « envoûtée », « flamboyants », « démon »…

Les œuvres de ce peintre, sans m’être inconnues, ne m’avaient jusqu’alors pas vraiment interpellées, si ce n’est pas leur bleu.

Un article lu l’an passé dans le magazine Connaissance des Arts de mars 2013 (numéro 713 – Le monde rêvé de Marc Chagall) en relation avec l’exposition tenue en son honneur au Musée du Luxembourg à Paris, m’avait intriguée grâce à son thème : Entre guerre et paix. (Mais que je n’ai pas pu aller voir).

Et c’est donc avec d’autant plus d’intérêt que les peintures retenues pour l’album m’ont attirées. Bien qu’au cœur de l’histoire d’Azulie, elles ne sont pas reproduites dans leur entier. Des fragments mettent en valeur des éléments du texte.

D’ailleurs, mon 5 ans, très intrigué par elles, n’a de cesse de tourner les pages de l’album pour retrouver et recomposer les différentes peintures.

L’album nous les dévoile à la fin de l’histoire dans leur entier, avec leur légende et emplacement actuel.

Azulie prend les traits de celle du tableau Concert bleu (1945).

http://public.fotki.com/Vakin/aa7ae/1850-1950-/2-/1945-marc-chagall-1.html

http://public.fotki.com/Vakin/aa7ae/1850-1950-/2-/1945-marc-chagall-1.html

Les dernières pages de l’album nous offrent une petite biographie de Marc Chagall : sa naissance, son parcours de vie, ses épreuves et réussites, ses inspirations et sa postérité. Et ce bleu, toujours ce bleu. Couleur froide, mais tellement aimée et attirante !

Mon 5 ans a tout de suite réagi à la citation de Pablo Picasso : On ne sait jamais, avec Chagall, lorsqu’il peint, s’il dort ou s’il est éveillé.

Je tiens à nouveau à remercier chaleureusement Nancy qui s’est prêtée au jeu de l’interview en acceptant de répondre à quelques-unes de mes questions et que voici :

1/ La maison d'éditions Léon art&stories vous a contactée pour écrire une histoire. L'idée d'y mêler les œuvres de Chagall émanait-elle de vous ou de la maison d'éditions?

Nous nous sommes rencontrées sur un salon. L'éditrice y présentait ses deux premiers ouvrages et je suis tombée sous le charme. Je lui ai dit que j'avais un texte dont l'univers pouvait correspondre à celui de Chagall et que si jamais elle avait envie de publier un album sur ce peintre, je pouvais lui faire lire le texte. Il était écrit au départ sans lien direct avec Chagall! Ce n'est qu'ensuite que je me suis aperçue qu'il se prêtait à cet univers.

Au mois d'octobre, nous nous sommes revues, elle m'a passé une commande officielle en m'expliquant les contraintes nécessaires à la collection.

C'est l'éditrice qui a créé ce concept d'art-fiction, mon texte d'origine a du être repensé pour entrer dans la ligne éditoriale et les contraintes techniques.

2/ Vous écrivez sur votre blog que le projet a connu quelques rebondissements quant à l'histoire, mais surtout quant à la maquette de l'album. Ce qui est indiqué à la toute fin de l'ouvrage également. Pouvez-vous m'en dire plus?

Le comité Chagall a eu son mot à dire concernant les œuvres que nous avions choisies puisque Marc Chagall n'est décédé qu'en 1985 : certains tableaux n'étaient pas suffisamment référencés et nous n'avons pas eu le droit de les intégrer, je pense notamment au tableau "Le violoniste bleu" que j'aimais énormément mais qui n'est pas localisable, il appartient à une collection privée.

Ensuite, nous voulions rajouter quelques croquis et aquarelles pour aider à la compréhension de l'histoire, (comme dans tous les autres albums de la collection) mais nous n'en n'avons pas eu l'autorisation. Il en va de même pour le petit personnage "Léon" qui n'a pas pu être intégré à la maquette.

Et enfin, l'autorisation finale n'a été accordée que très peu de temps avant l'envoi à l'impression...ce qui a retardé l'impression d'une dizaine de jours.

Ainsi, vous n'avez vu le résultat final, sur papier et assemblé, que vendredi dernier (24 octobre 2014)?

On découvre l'œuvre d'abord via le PDF que nous envoie le graphiste. J'ai vu la maquette sur ordinateur à chacune de ses modifications, très nombreuses (12 ou 13, peut-être plus) du fait des contraintes techniques.

On voit donc à quoi ressemblera le livre et on le valide avec l'éditrice. Mais effectivement, comme pour tous mes albums, je n'ai découvert la version papier qu’en fin de semaine...On se demande toujours si les couleurs seront respectées, comment sera le rendu, le vernis sélectif, les tons ...

3/ A chaque lecture d'Azulie, de nouveaux éléments m'interpellent, apparaissent dans les mots. J'y vois beaucoup de références mythologiques (nom des personnages, animaux), religieuses (la chute du Maître des cauchemars), symboliques (le miroir de vérité, l'oiseau bleu). Est-ce pour entrer en résonnance avec les œuvres de Chagall, des éléments qui sont importants pour vous, pour le texte?

Oui, vous avez vu juste, ces références sont voulues.

Lorsque j'ai écrit ce texte il y a trois ans, je ne savais pas encore qu'il s'adapterait aussi bien à l'univers de Chagall, un univers rempli de références mythologiques, religieuses, oniriques.

Le lien entre mon texte et ses tableaux m'est apparu un soir, alors que je regardais plus attentivement les œuvres de Chagall. Et puis il allait parfaitement bien avec le thème du rêve, des cauchemars, où la réalité se transforme.

C'est un univers sur lequel j'aime écrire et qui a trouvé toute sa place au sein de cette collection.

4/ Est-ce vous également qui avez écrit l'histoire en anglais ou avez-vous fait appel (ou la maison d'éditions) à une tierce personne?

Non, c'est l'éditrice et une correctrice anglaise qui ont fait ce travail.

Je ne peux que vous inviter à découvrir ce très bel album ainsi que les autres des Editions Leon art&stories.

Tous les titres sont disponibles en anglais et, à l’exception de trois, en néerlandais également.

Allez voir le blog de Nancy Guilbert, Rêve de Plume, au nom si poétique pour découvrir son univers, très riche et hétéroclite.

Belles lectures et découvertes !

Blandine.

Repost0
Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article
N
Oui, elle me plait décidément beaucoup cette maison d'édition... Merci encore pour cette jolie découverte !
Répondre
B
;-)
C
This was a fantastic article. Really loved reading your we blog post. The information was very informative and helpful...
Répondre
C
Superbe album ! Bravo à Nancy pour ce beau texte qui met en lumière la peinture de Chagall, et merci pour cette jolie chronique !
Répondre
B
Merci beaucoup Céline ;-)
L
Difficile de faire une chronique après toi ! Tu nous mets la pression Blandine ;-) Elle est juste parfaite.<br /> Je vais me laisser quelques jours avant de l'oublier et faire la mienne, hein^)<br /> D'ailleurs en général, je ne lis pas les articles sur les livres que je dois moi-même chroniquer, mais là, je n'ai pas résisté...<br /> Bravo à toi et à Nancy pour cette intéressante interview.
Répondre
B
Merci beaucoup Lylou :-D<br /> <br /> J'ai hâte de lire la tienne et de découvrir ton ressenti quant à ce très bel album!<br /> <br /> PS: moi non plus je ne lis pas les articles des autres avant, de peur que cela altère mes impressions. mais des fois cela aide à mettre des mots sur des sentiments qui ne veulent pas se transformer!
N
Un très grand merci Blandine pour cet article bien documenté et très riche, pour votre analyse fine et pour l'interview que vous m'avez accordée. A très bientôt !
Répondre
B
Mille mercis à vous Nancy :-)<br /> A bientôt de vous lire!