Aio Zitelli ! Récits de guerre 14-18. Frédéric BERTOCCHINI et Iñaki HOLGADO.

Publié le 24 Septembre 2014

Aio Zitelli !

Récits de guerre 14-18.

Scénario de Frédéric BERTOCCHINI, mise en scène de Marko, Dessin d’Iñaki HOLGADO et couleur de Nuria SAYAGO.

Editions Albiana, pour le musée de la Corse – Collectivité Territoriale de Corse, 2014.

Cette publication est éditée dans le cadre des expositions Les Corses et la Grande Guerre, l’Umana ambizione & Notre siècle et Au cœur des tranchées, présentées au Musée Régional d’Anthropologie de la Corse du 21 juin 2014 au 28 mars 2015.

53 pages.

Thèmes abordés : Première Guerre Mondiale, mémoire, traditions.

Cette bande dessinée, acquise suite à ma visite de l’exposition nommée ci-dessus à Corte, complète son parcours et la lecture du roman, bouleversant, de Marie Guerrini, Pensez à nous dans vos fêtes du cœur ! Roman d’un poilu corse. Elle nous offre un point de vue particulier sur la Première Guerre Mondiale, davantage percutant ici en raison des dessins, propres à une bande dessinée.

Elle nous raconte huit récits de vie durant la Première Guerre Mondiale. Chacun nous décrit un aspect différent du conflit, fiction mais avec des éléments de réel ou épisode avéré. Et avec pour trait commun, le courrier.

La mobilisation des Corses, sans enthousiasme et qui ne se sentent pas réellement concernés, mais qui ne remettent pas en cause leur devoir.

Mais bien vite, ils se heurtent à la barrière de la langue. Beaucoup de Corses, ou d’habitants d’autres régions de France, parlent leur dialecte et non le français. Les institutions de la République, comme l’école ou l’armée par le service militaire personnel, égal et obligatoire, sont encore trop jeunes pour que tous puissent parler, et comprendre, le français.

Le courrier, même s’il est lu, même s’il met des semaines à parvenir au destinataire, est un lien primordial. Toutes ces lettres, intimes, envoyées ou reçues par les soldats, nous racontent leurs conditions de vie à tous, sur le front ou à l’arrière, le froid, la malnutrition, les attaques et la vie aux champs. Elles racontent les réalités de chacun, l’obligation de devoir tuer pour n’être pas tué, les mises en parallèle entre l’annonce d’une naissance alors que la vie quitte le corps d’un homme, fauchés par les obus ou fusillé par ceux pour qui il combat.

En Corse, en France, en Angleterre, un combat est mené pour obtenir la réhabilitation de ces soldats dont le sort souille jusqu’aux générations actuelles. Cette demande clôt l’exposition Les Corses dans la Grande Guerre et a été l’élément fondateur du roman Soldat Peaceful de Michael Morpurgo.

Mais, les courriers sont aussi porteurs de malheur : disparition (bien que l’armée ne les reconnaisse guère, suspectant toujours une désertion) ou mort avérée. Il arrive que le mort annoncé ne le soit finalement pas.

Les Corses sont reconnus pour être robustes, c’est pourquoi leurs officiers les utilisent pour une toute nouvelle sorte de mission : creuser un tunnel afin de passer derrière les lignes ennemies et ainsi les prendre à revers. L’opération est un succès, mais pour quel prix psychologique !

Nous n’étions pas des assassins… C’étaient eux ou nous… Pas des assassins… Eux ou nous… Putain de guerre !

Page 25.

Pendant que les soldats corses tuent les soldats ennemis, leurs femmes côtoient les prisonniers allemands, soldats ou non, déportés sur l’Île dont la condition géographique est un atout non négligeable.

Des touristes allemands furent faits prisonniers sur les quais de Bastia à leur arrivée, la déclaration de guerre étant survenue alors qu’ils se trouvaient en mer.

Page 51

Les dessins confèrent au texte une dimension encore plus dure, réelle et tragique que les seuls mots. On se rend compte du sang qui maculent les uniformes et les corps des soldats vivants, il est presque palpable. Cet aspect sanguin entre le roman et la bande dessinée m’a particulièrement frappée.

Les images sont riches de détails qui se passent de mots, elles nous transportent dans l’horreur, brutale, l’intimité, les sentiments.

Ces histoires fictives sont inspirées de faits réels, véridiques. Certaines notes de bas de pages appuient le propos en attestant la véracité de certains faits. La dernière page nous apporte des compléments d’informations, en citant des sources ou l’origine de certains récits.

Le titre de la bande dessinée peut se traduire par « Allez enfants ! » Aio, est une injonction qui traduit l’impatience, l’insistance et Zitelli, veut dire « enfants »

Cette lecture s’est faite dans le cadre du Challenge « Une année en 14 » de Stephie.

Belles lectures et découvertes.

Blandine.

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