Les Corses et la Grande Guerre. Catalogue d'exposition et bibliographie.
Publié le 30 Août 2014
Les Corses et la Grande Guerre.
En vacances en Corse, nous avons été visiter la très belle ville de Corte, centre névralgique de l’île et qui abrite sa première université, nommée Pasquale Paoli.
C’est ainsi que nous sommes allés voir le Musée Régional d’Anthropologie de la Corse.
Situé au cœur de la citadelle dans la caserne Serrurier, il raconte l’histoire de l’île au-travers de sa situation géographique, ses traditions, savoir-faire, et coutumes. Il abrite de nombreuses collections, regroupées par thématique, mais suivant tout de même un ordre chronologique.
Peuple de bergers, de montagnards, on observe les différents ustensiles et équipements des Corses au fil du temps, pour se nourrir, se vêtir, mener les troupeaux, fabriquer le brocciu, la récolte et la transformation des châtaignes, l’impact de la Révolution industrielle, jusqu’au développement du tourisme et la situation actuelle de la Corse. Afin que les plus jeunes puissent pleinement profiter de leur visite, un livret-jeu leur est remis à l’entrée.
Le Musée abrite un espace d’expositions temporaires qui est à présent occupé par l’exposition « Les Corses et la Grande Guerre », en place du 21 juin 2014 au 28 mars 2015. Elle se déroule, certes, à l’occasion du Centenaire de la Première Guerre Mondiale, et il est très intéressant de voir et de mesurer les impacts que cet évènement majeur, et fondateur, du XXe siècle a eu sur l’île !
J’ai acheté le petit catalogue de l’exposition :
Les Corses et la Grande Guerre.
Commissaires d’exposition : Sylvain GREGORI et Jean-Paul PELLEGRINETTI Musée de la Corse - Collectivité Territoriale de Corse.
Editions Albiana, juin 2014.
L’exposition suit un ordre chronologique en rappelant d’abord la situation bien particulière de la Corse à la veille du conflit. Un peu d’histoire avec le rôle joué par Pasquale Paoli dans la fondation de l’identité corse et l’acquisition de l’île par les Français en 1768.
On apprend que les déclins démographique et économique de l’île étaient amorcés avant le conflit mais la guerre et surtout sa durée, les ont précipités. Elle commençait déjà à se vider de ses habitants et la métropole exerçait un attrait pour les jeunes générations, avec des perspectives de carrière dans la fonction publique ou l’armée.
Depuis 1871, l’Etat français faisait des efforts aussi pour uniformiser le pays, en imposant le français comme langue parlée et administrative, au détriment des différents dialectes. C’était là l’une des missions majeure de l’Ecole de la République qui devait délivrer à chaque français un socle commun et développer en chacun un sentiment patriotique fort. Le service militaire, généralisé à toutes les couches de la population, quelque soit leur condition professionnelle et d’une durée de trois ans (1913), devait renforcer cette appartenance à la Mère Patrie.
C’est dans ce contexte qu’éclate la guerre. Tous les classes et tous les hommes de l’île (quelque soit leur âge, situation familiale et militaire) sont alors appelés à rejoindre leur régiment mythique, le 173e Régiment d’Infanterie.
Comme partout en France, c’est d’abord le regroupement régional qui est privilégié, avant que les hécatombes ne déciment trop rapidement des membres de la même famille ou de mêmes villages. Ensuite, les hommes se retrouvent tous mélangés, issus de toutes les régions de France, comme de l’empire colonial.
Certains ne parlent que leur dialecte ou langue et il leur est parfois difficile de comprendre tous les ordres. Cette situation explique que beaucoup de régiments aient compté des Corses dans leurs unités.
Ces derniers aspects sont particulièrement bien développés dans le livre de Marie Guerrini, Pensez à nous dans vos fêtes du cœur ! Roman d’un poilu corse. Je vous en parlerai plus en détails dans un article dédié. (un énorme coup de cœur.)
Sur l’île, comme en France, les femmes remplacent les hommes, mais la situation déjà tendue car dépendante des ravitaillements par bateau, s’en trouvent durcies par le conflit. Les traversées maritimes se raréfient, et lorsque les soldats ont désormais droit à des permissions, les autorités militaires prendront du temps à ne pas y inclure le temps de transport jusqu’à l’île.
De par sa situation géographique, l’île a servi à la fois de prison pour les Allemands et de refuge, notamment aux serbes et aux juifs. Pour autant, l’île a également participé à l’effort de guerre en souscrivant aux emprunts nationaux et en faisant preuve d’hospitalité et de solidarité envers ses nouveaux habitants.
Comme partout en France, la guerre a laissé des ravages, faisant s’ériger dans toutes les communes des monuments aux morts.
Aujourd’hui encore, cette politique mémorielle est très vive et demande la réhabilitation en droit des fusillés pour l’exemple, très nombreux dans l’armée française. Et surtout depuis le discours de Lionel Jospin, alors Premier Ministre, à Craonne en novembre 1998. En France, il y eut environ 600 fusillés contre un peu plus de 290 dans l’armée britannique. (Chiffres trouvés en post-scriptum de Soldat Peaceful de Michael Morpugo, 2004.)
Depuis 2010, dans le prolongement de la déclaration faite en 1998 à Craonne par le Premier ministre Lionel Jospin, un autre combat dans l’île a débuté à partir de démarches d’actions citoyennes menées par diverses associations fédérées autour d’un collectif. Il est celui de la réhabilitation en droit des fusillés pour l’exemple de 14-18, à laquelle l’île entend bien donner une véritable résonance nationale.
L’exposition est très riche et nous dévoile de nombreuses pièces d’armements, des uniformes, des affiches, des photographies, des objets du quotidien, des journaux nationaux ou intimes, des lettres, des livres…
Elle est vraiment très intéressante et se double d’un parcours interactif pour les plus jeunes (6-11 ans), intitulé « Au cœur des tranchées ».
On entre « pour de vrai » dans le boyau d’une tranchée et on appréhende leur petite largeur, la promiscuité avec les rats, les couleurs. Des soldats gisent à terre, dorment-ils ou sont-ils morts ? Trois dispositifs permettent d’entendre et de sentir les odeurs et les bruits qui entouraient constamment les Poilus (exception faite des corps en décomposition !) : tabac, sifflements d’obus, explosions diverses, mitrailleuses. Combien pesait le barda du soldat et que contenait-il ? Des dispositifs permettent de le voir et de le ressentir.
Grâce à des pièces aimantées, les enfants enlèvent et visualisent l'intérieur (et de l'autre côté, l'extérieur) du barda du soldat.
Des livres jeunesse sont mis à disposition des enfants, ainsi que des écrans tactiles permettant la visualisation de carnets réalisés au sein du concours Les petits artistes de la mémoire, la Grande Guerre vue par les enfants, organisé par l’Officie National des Anciens Combattants et Victimes de Guerre.
Et une présentation vidéo d’une bande dessinée, Aio Zitelli ! Récits de guerre 14-18, dont je vous parlerai dans un article à part.
Ce n’est qu’après que j’ai appris que les enfants pouvaient se voir dotés d’une petite besace contenant notamment un petit carnet dans lequel ils peuvent coller des vignettes récoltés dans le parcours.
Grâce à cette exposition, j’ai découvert tout un pan de l’histoire de la Première Guerre Mondiale qui ne figure pas dans les livres d’histoire, scolaires ou non. Même si j’avais étudié certains aspects (mission de l’Ecole de la République et de l’Armée, dominante des dialectes régionaux contre le français), je ne connaissais pas l’impact et les retombées du conflit sur l’île.
Je ne saurai trop vous conseiller de vous y rendre si l’opportunité vous est donnée d’aller à Corte. L'exposition se clôture le 28 mars 2015.
Challenge "Une année en 14" de Stephie -
UNE ANNEE EN 14 C'est en me baladant sur différents blogs littéraires que j'ai découvert celui de Mille et une frasques et surtout sa page dédiée à la Première Guerre Mondiale. Le but du cha...
http://vivrelivre19.over-blog.com/2014/05/challenge-une-annee-en-14-de-stephie.html
Catalogue d’exposition présenté dans le cadre du Challenge « »Une année en 14 » de Stephie.
Liste des livres jeunesse laissés à la disposition de tous dans le parcours intitulé: "Au cœur des tranchées".
- La guerre et la paix à petits pas. Véronique CORGIBET et Cléo GERMAIN. Actes Sud Junior.
- L'ennemi. Davide CALI et Serge BLOCH. Editions Sarbacane. Je vous en ai parlé dans mon article sur le Musée de la Grande Guerre du Pays de Meaux.
- Zappe la guerre! PEF. Editions Rue du Monde.
- La trêve de Noël. Michael MORPUGO. Gallimard Jeunesse. J'ai lu Soldat Peaceful de cet auteur qui m'a beaucoup émue.
- Aio Zitelli. Récits de guerre 14-18. Bertocchini.Holgado, Marko, Sayago. Editions Albiana.
- 14-18. Une minute de silence à nos arrières-grands-pères courageux. DEDIEU. Editions du Seuil.
- Carnet de Poilu. Leur vie racontée aux enfants par Renefer. Présenté par Gabrielle THIERRY. Albin Michel.
- Lulu et la Grande Guerre. Fabian GREGOIRE. Ecole des Loisirs.
- L'histoire de France en BD. 1914-1918... La Grande Guerre en BD. Dominique JOLY et Bruno HEITZ. Casterman.
- Les soldats qui ne voulaient plus se faire la guerre. Noël 1914. Eric Simard et Nathalie GIRARD. Oskar éditeur.
- Flon-Flon et Musette. Elzbieta. Ecole des Loisirs.
- Des hommes dans la Grande Guerre. 14-18. Isabelle BOURNIER et Tardi. Casterman.
Beaucoup de beaux livres, forts et percutants même si certains titres me sont inconnus.
Les connaissez-vous?
Belles lectures et découvertes!
Blandine.