Titeuf VS Kid Paddle VS Petit Spirou

Publié le 15 Mai 2014

Dans le cadre du challenge des bookineurs en couleurs, session violette, de Liyah. j’ai trouvé dans nos bibliothèques, plusieurs BD.

Celles de Titeuf numéros 1 et 11, Kid Paddle, numéros 6 et 10, et Le Petit Spirou, numéro 7.

Nos trois petits héros sont trois petits garçons, sensiblement du même âge : entre 8 et 10 ans pour Titeuf et Kid Paddle, et plutôt 6 pour Le Petit Spirou.

Vous les connaissez sûrement, pour vous-mêmes ou vos loulous !

Tous trois sont nés quasi en même temps (respectivement 1992, 1993 et 1990) et tous nous offrent la vision de notre monde d’adultes avec ses incohérences, frasques, ses tabous et institutions par un petit enfant avec beaucoup d’humour, et parfois d’impertinence.

Car malgré nos injustices, « C’est pô juste » comme s’exclame souvent Titeuf, le monde des grands les attire et ils se l’approprient d’une façon parfois très particulière, avec leurs mots et imagination.

Ils se questionnent sur l’amour, la vie, l’éducation « morale », physique, sentimentale, la sexualité et l'homosexualité, le statut des animaux, la religion, les personnes âgées, le Bien et le Mal…

Tomes 1 et 11.

On ne présente plus Titeuf, ce petit garçon à la grande mèche blonde, amoureux de Nadia, et qui salue en disant « tchô » !

Mais j’ai été très étonnée, et presque choquée, du contenu du tome 1, Dieu, le sexe et les bretelles. Pourtant, son titre et sa couverture sont plus qu’évocateurs. Mais j’avais totalement oublié combien ce premier numéro était tourné vers le sexe et le vulgaire. Même s’il apparaît clairement que Titeuf et ses amis ne comprennent pas toujours tout ce qu’ils répètent, à tout bout de champ.

C’est à se demander si Titeuf n’était pas en réalité destiné à des adultes. Car je ne pense pas (et espère) que des enfants de 8 ans parlent de cette manière entre eux, et ne songent même à toutes ces choses : reluquer les poitrines des filles sur les publicités dans la rue, se retourner au passage d’une demoiselle, l’air totalement abruti …

D'autres planches sont vraiment très drôles, comme celle avec la leçon d'Histoire où il met en scène sa maîtresse, ou nous interrogent par rapport aux médias et informations qui arrivent aux oreilles de nos bambins.

La leçon d'Histoire. - Les écrans et les médias.

Dans le tome 11, Mes meilleurs copains, (le dernier album sorti est le 13, A la folie, en 2012), il y a toujours ce regard sur la société adulte, mais avec des remarques et réactions plus enfantines.

Je pense que le discours s’est adapté à un lectorat plus jeune. Car devant son immense succès, Titeuf a été décliné en série animée (250 épisodes), un film, des livres en format poche dans la collection « bibliothèque rose » chez Hachette.

Il est aussi intéressant de voir l’évolution corporelle des personnages et notamment de la maman de Titeuf, très sexy et pulpeuse dans le tome 1, elle est plus sobre dans le 11. D’abord publié en noir et blanc, le premier numéro a été colorisé en 2010. Plus accessible pour les plus jeunes.

Déguisements de garçon ou de fille?

Kid Paddle est un petit garçon qui adooore tellement les jeux vidéo qu’il a souvent tendance à confondre cet univers virtuel avec le réel.

Tout est prétexte à s’imaginer en train de dégommer des monstres, extraterrestres, mutants et compagnies : à l’école, à la maison (avec sa sœur particulièrement, quasiment la seule présence féminine, et qui pense que son frère est un débile profond décérébré), dans la rue et bien sûr dans la salle de jeux vidéo, où il se rend très très souvent.

Le monde des adultes n’a pas l’air franchement attirant, surtout avec la vision qu’il a de son père et qu’il essaie souvent de se représenter avec un pouvoir, ou don, quelconque.

Sauf lorsqu’il s’agit des films interdits pour son âge, et dont rien qu’au titre, on devine aisément pourquoi. « Atomic Lobotomy », « autopsie sur sujet vivant », ... Avec ses deux acolytes, il tente souvent de pénétrer dans la salle obscure, mais à chaque fois, leur plan périclite, pour notre plus grand plaisir!

Kid est toujours habillé de la même manière : casquette verte, marcel orange, short vert et basket : un ado avant l’heure en somme !

Ce personnage connaît un grand succès et le tome 14 de ses aventures va bientôt paraître. Il a aussi fait l’objet d’une série animée et de plusieurs produits dérivés et d'un spin-off, Game over, avec pour personnage principal le petit Barbare, héros des jeux vidéo de Kid Paddle.

Le père "héroïsé"

Le dessin est souvent plus sombre que pour Titeuf ou Le Petit Spirou, car la majorité des scènes se déroulent en intérieur, devant un écran ou carrément dedans. On imagine aisément son univers très bruyant : cris en tout genre virtuels ou poussés par kid, sa sœur ou ses amis, les bruits des jeux, des manettes, du gérant du magasin de jeux vidéo ou de son chien…

Le Petit Spirou est de loin mon préféré!

Il est présenté comme étant Spirou (de Spirou et Fantasio) enfant, et non pas son petit frère, neveu ou autre…

Derrière des bouilles rondes et enfantines (ce que n’ont pas, ou plus, Titeuf et Kid) et des illustrations un peu désuètes (toute la famille Spirou porte un uniforme rouge de groom, de maman et grand-père inclus), je trouve le regard encore plus incisif.

Il n’est pas besoin d’être vulgaire ou trash pour amener à se poser des questions. Et je trouve que c’est par son apparente innocence que le personnage du petit Spirou nous amène davantage à nous interroger sur notre monde. La façon dont nous menons nos vies et l’image que nous en renvoyons à nos enfants, la place des uns et des autres, les petites et grandes absurdités, la sexualité aussi…

Bien sûr, quelques traits sont alourdis, voire caricaturaux, et je pense au Professeur de sport, Monsieur Mégot, qui comme son nom l’indique, passe son temps clope au bec et bière à la main, à hurler des ordres farfelus aux gamins !

Je l’adore dans son survêtement « Adadas » et à qui il arrive des aventures rocambolesques !