Exposition 1925, quand l'Art Déco séduit le monde
Publié le 20 Février 2014
Exposition temporaire au Palais de Chaillot
1 Place du Trocadéro et du 11 Novembre. 75016 Paris
16 Octobre 2013-17 février 2014. Prolongée jusqu’au 3 mars 2014.
Ce lundi 17 février 2014, je suis allée découvrir cette exposition sur l’Art Déco, que je vous recommande vivement.
En guise d’introduction, l’exposition met en opposition Art Nouveau et Art Déco (appellation utilisée qu’à partir de 1968), qui se sont succédés en France.
La visite est longue mais permet de découvrir un large panel d’œuvres issues de ce mouvement : chaises, tables et consoles, armoires, tasses à café, tentures, bijoux, peintures et évidemment architecture !
Magazine Connaissance des Arts- Hors-Série numéro 600. 1925, quand l'Art Déco séduit le monde.
La France victorieuse de 1914-1918 entend rayonner sur le monde, retrouver et profiter de la vie. Les nouvelles avancées industrielles permettent de relever nombre de défis, et notamment dans le domaine des transports. Il faut aller vite !
L’aviation d’abord, avec des distances parcourues de plus en plus longues, et dont les premiers voyageurs étaient assis dans des fauteuils en osier.
Les voitures se multiplient et beaucoup s’ornent de bouchons de radiateurs tous plus impressionnants les uns que les autres.
De grands paquebots commencent à voguer sur les mers, reliant surtout Paris à New-York, et défiant les lois de la gravité, tel le « Normandie ».
C’est surtout dans l’Architecture que l’Art déco se manifeste le plus, avec pour point culminant l’Exposition internationale des arts décoratifs et modernes de Paris, en 1925.
Le massif et la symétrie sont de rigueur mais certaines créations sont très originales, notamment les pavillons des ambassades étrangères pour cette exposition : 21 pays invités, mais, bien sûr, pas l’Allemagne.
Livre: Paris Art déco. Immeubles, monuments et maisons de l'entre-deux-guerres (1918-1940). Gilles PLUM. Parigramme, 2008.
De nombreux bâtiments voient le jour à Paris, Boulogne-Billancourt, et partout en France : immeubles, gares (Trouville), hôpitaux (Lille), groupes scolaires, avec parfois des formes insolites (paquebot), voire même certains qui ne restent qu'à l'état de projet, telle cette fontaine en forme de serpent!
Villas et immeuble à Boulogne-Billancourt. Beaucoup d'oeuvres exposées ici proviennet de la colelction du Musée des Années 30 logé à l'espace landowski de Boulogne-Billancourt.
Cette nouvelle vision de l’Art dans son ensemble s’est accompagnée d’un chamboulement profond des mœurs, avec notamment, l’émancipation féminine.
De nombreuses femmes ornent cette nouvelle liberté : Suzanne Lenglen, Tamara de Lempicka, Coco Chanel, … qui, chacune à leur façon, participe à une nouvelle vision de la femme: coupe de cheveux, vêtements, métiers, cigarette, condition sociale…
Le monde du spectacle se transforme aussi avec un regard tout nouveau vers l’Afrique et les Antilles : Joséphine Baker, le comédien Habib Benglia, le boxer Al Brown… Les music-halls ne désemplissent pas, le Grand Rex à Paris voit le jour, où on trouve un salon de coiffure pour ces dames, un chenil pour leur chien.
La place accordée à l’enfant évolue aussi. Il n’est plus seulement considéré comme « une bouche de plus à nourrir » mais bien comme un être en devenir. De nombreuses pédagogies d’éducation voient le jour, dont notamment celle de Maria Montessori, première femme médecin italienne qui consacra sa vie à l’enfant et à son développement.
« N’élevons pas nos enfants pour le monde d’aujourd’hui. Ce monde aura changé lorsqu’ils seront grands. Aussi doit-on en priorité aider l’enfant à cultiver ses facultés de création et d’adaptation. »
Dès lors, les parents sont invités à consacrer un espace dédié entièrement à l’enfant avec un mobilier et une décoration adaptés : chambre, papier peint, jeux et livres ! Zig et Puce, Babar, voient le jour, Le Journal de Mickey arrive en France en 1934 et l’histoire de Macao et Cosmage, comme retour aux sources, connaît un franc succès.
Ici, la Petite fille à la tortue, sculpture qui ornait les "portes" du Jardin de la Manufacture de Sèvres.
Un abécédaire. Une voiture de jeu Renault. Le livre "Macao et Cosmage ou l'expérience du bonheur" d'Edouard Léon Louis Edy-Legrand, édité chez Circonflexe.
Comme le nom de l’exposition l’indique, l’Art Déco rayonne sur le monde avec plus ou moins d’intensité : En Europe à Bruxelles, Belgrade, Londres. Aux Etats-Unis, au Rockefeller Center à New-York par exemple, en Afrique à Casablanca ou Alger. En Asie aussi à Shanghai ou Tokyo ou Phnom Penh, au Cambodge et son marché central, comme sur cette photo.
Malheureusement, la guerre survient à nouveau et les bâtiments monumentaux et symétriques issus de l’Art Déco seront assimilés à l’Architecture des totalitarismes nazi ou fasciste.
C’est une constante dans l’Histoire, lorsqu’un nouveau pouvoir se met en place, il s’accompagne de constructions architecturales généralement imposantes.
Il se trouve qu’Hitler, avant d’entrer en politique, s’imaginait en architecte génial et avait tenté par deux fois le Concours d’entrée à l’Académie des Beaux-arts de Vienne. Recalé, il a suivi le parcours que l’on sait.
Le romancier Eric-Emmanuel Schmitt a imaginé dans sa biographie romancée sur Hitler intitulée La Part de l’autre (2000), ce qu’aurait été le monde et la vie de ce dernier s’il avait réussi ce concours. Image de la couverture prise sur le site de la Fnac.
Selon lui, « la minute qui a changé le cours du monde est celle où l'un des membres du jury de l'École des beaux-arts de Vienne prononça la phrase « Adolf Hitler : recalé » »
Je vous encourage vivement à découvrir cette exposition si l’occasion se présente. En raison de son succès, celle-ci a été prolongée de quinze jours.
Un espace-atelier pour les enfants à partir de 5 ans est proposé: "Art déco, grandir en 1925". Mes enfants ne l'ont pas fait car ils ne m'accompagnaient pas ce jour-là!
Belles (re)découvertes !
Blandine.