Résistance et Occupation durant la Deuxième Guerre Mondiale - Deux albums dès 8 ans

Publié le 10 Janvier 2014

Voici deux albums forts en mots, en émotions, en ressenti et pour ce qu’ils impliquent. Les horreurs subies durant la Deuxième Guerre Mondiale. On pense d’emblée à la Shoah, à la Résistance, aux bombardements sur les civils, à l’Occupation…

Sauve-toi Elie !

Texte d’Elisabeth BRAMI et illustrations de Bernard JEUNET.

Editions Seuil Jeunesse, octobre 2003.

(Dès 9 ans)

Notions abordées : Déportation des Juifs durant la Deuxième Guerre Mondiale, Résistance, « Justes parmi les Nations », Enfance.

Elie est devenu Emile il y a bientôt deux ans. Il est devenu le neveu des François, gens de la campagne qu’il ne connaissait pas, en échange d’une grosse enveloppe.

Il se souvient. Il a du quitter son chez lui. Il ne sait pas pourquoi. Ça doit avoir un rapport avec l’étoile jaune cousue le jour de ses sept ans. Il a entendu des chuchotements, il a senti la précipitation, il a vu les pleurs de sa mère.

Il attend, seul et effrayé, que ses parents viennent le rechercher après, mais après quoi ?

Il comprend. Peut-être pas tout, mais il a bien remarqué les regards insistants de la voisine, qui le menace. Mariette, sa petite fille, est gentille avec lui et ils jouent ensemble, jusqu’à ce que sa mère le lui défende.

Il fugue et voit deux gros camions bâchés engloutir des enfants sous des ordres allemands. Le gendarme le sauve, et il s’en retourne et il attend.

Sujet difficile mais magnifiquement abordé d’une manière douce. Tout est dans l’implicite, ou dans certains jeux de mots. Comme lorsque la voisine lui dit « t’y couperas pas, j’te garantis ! (…) J’avais compris qu’elle voulait me couper quelque chose, mais je ne savais pas quoi. »

Cette approche décuple les émotions.

On dit souvent que la littérature permet de s’évader et est même salvatrice. C’est un peu le cas pour Elie, qui n’a pu prendre que quelques affaires dans son départ précipité de Paris, et notamment un livre : Robinson Crusoé de Daniel Defoe (1719).

Les illustrations sont originales, et peuvent plaire ou ne pas plaire. Mais elles ne laisseront pas indifférents. Elles sont faites à partir de sculptures en papiers sculptés, collages, assemblages. Cette approche me plaît, car elles racontent aussi leur propre histoire, tout en servant le texte.

Le prologue dédicace le livre à différents enfants nommés, à tous ceux qui ont été « cachés et ceux qui n’ont pas eu la chance de l’être ».

Nous avons lu ce livre avec ma fille de 9 ans car elle avait précédemment vu La Nouvelle Guerre des Boutons de Christophe Barratier. Il a situé l’action durant la Seconde Guerre Mondiale, à la campagne, parmi des Résistants et des Justes.

Suite à cela, elle a également vu, Monsieur Batignolle avec Gérard Jugnot.

Ces films et cet album nous ont permis de discuter en douceur de cette période de l’Histoire très difficile.

La cave aux oiseaux

Jo HOESTLANDT et illustrations de Bruno GIBERT.

Editions Syros, 2008.

(Dès 8 ans)

Notions abordées :Bombardements et destructions, poésie.

Nous sommes dans une ville, et les habitants d’un immeuble ont désormais l’habitude de descendre à la cave dès que la sirène retentit au-dehors. Bien qu’étant petite, elle a été aménagée, les grands (se) persuadent que les bombes ne tomberont pas sur le quartier et Monsieur Eluard raconte une histoire aux enfants pour qu’ils patientent.

Marie dit qu’elle aimerait être un oiseau pour s’envoler très loin, et parce qu’ils sont libres. Mais voilà qu’une immense détonation retentit non loin et s’accompagne de plâtre et de gravats. Lentement, les habitants s’extirpent de la cave, constatent les dégâts et rentrent dans leur immeuble, heureusement encore debout.

Toujours dans son histoire et troublé par les paroles de la petite Marie, Monsieur Eluard se met à écrire un poème là, tout de suite, sur le mur : « Sur mes cahiers d’écolier, Sur mon pupitre et les arbres, Sur le sable Sur la neige, J’écris ton nom, Li » Il ne peut terminer, sa craie est terminée. Il rentre chez lui.

Le lendemain, une petite main a continué le mot et jusqu'à ce que la pluie et le temps efface ce poème, les gens peuvent admirer ce petit mot…

Hommage à Paul Eluard et aux histoires que l’on invente aux enfants pour les protéger, cet album au texte délicat est très beau. Cependant, à l’inverse du précédent album, les mots décrivent les choses sans ambages et il y a peu d’implicite.

Ici aussi les illustrations sont originales mais servent très bien le texte. Tous les personnages, sauf deux (à tête de chat) ont des têtes d’oiseaux de toutes sortes : chouettes, perroquet, canard, grue… Ici aussi, c’est soit on aime, soit non, pas de demi-mesure.

Pour conclure, voici une citation de Mahmoud Darwich qui ouvre le livre : « Ecrire un poème d’amour sous l’occupation est une forme de résistance ».

Et la dernière strophe du poème de Paul Eluard, Liberté, écrit en 1942 et paru dans le recueil Poésie et vérité. Il comporte quinze strophes, dont chaque vers commencent par « sur » sauf le quatrième de chaque strophe, « J’écris ton nom »… La quinzième strophe est différente. "Et par le pouvoir d'un mot

Je recommence ma vie

Je suis né pour te connaître

Pour te nommer

Liberté"

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