Mords-le. Michel Backès - 2007 (Dès 4 ans)

Publié le 27 Décembre 2013

MORDS-LE !

Michel BACKES

Ecole des Loisirs, septembre 2007.

Dès 4 ans.

Notions abordées : chasse, nourriture, rapport à l’alimentation et à l’animal, humour.

Comme vous le savez peut-être, je suis végétarienne, et mes trois enfants aussi. (Je l’ai déjà écrit auparavant !)

Il y a peu d’albums pour enfants qui abordent de ce sujet, ou facilement accessibles ! Et c’est par un heureux hasard que j’ai trouvé celui-ci, dans une grande maison d’édition, qui plus est !

Son sujet ne traite pas du végétarisme à proprement parler, mais plutôt de notre rapport à l’animal, et plus particulièrement à la viande !

Le livre s’ouvre sur Simon et son chien Fidèle qui s’en vont chasser le lapin, en prévision d’un bon civet. Mais ils ne trouvent qu’un tout petit lapin, mais qui leur promet de les amener dans un endroit où se trouvent des bien plus gros !

Alléchés, les deux compères le suivent donc. Mais quelle n’est pas leur surprise lorsqu’ils constatent que les lapins sont non seulement gros, mais bien plus grands qu’eux ! Seul Simon intéresse la maman Lapin qui prévoit de le cuisiner pour l’anniversaire de son fiston ! Et se débarrasse donc sans aucun ménagement du chien, que son maître avait copieusement réprimandé pour n’avoir pas agi lors de leur capture.

Simon n’est pas assez gros et elle entreprend donc de le nourrir en grosse quantité avec carottes, navets, salade. Et comme il ne mange pas assez vite, lui enfourne le tout au moyen d’un long entonnoir !

Fidèle est resté non loin mais refuse d’aider Simon, attaché au tronc d’un arbre, tant que celui-ci ne lui aura présenté des excuses et promis du poulet tous les jours !

Les deux détalent et croisent un ridicule petit poussin. Mais voici que ce dernier leur promet de les amener là où se trouvent de très très grosses poules !

Et que croyez-vous que vont faire Simon et Fidèle ?

Comme je vous le disais en préambule, le livre aborde notre rapport à l’animal : celui qui est domestiqué mais que nous traitons mal (le chien) et ceux qui pourraient l’être (les lapins et les poules). Ces derniers étant bien sûr destinés à l’alimentation, il faut les nourrir en abondance et vite pour que leur masse décuple (gavage par entonnoir). En cette période de Fêtes de Fin d’année où « notre » consommation de viande et de foie gras est accrue, il est « cocasse » d’avoir trouvé cet album, puisqu’il y est aussi question d’une fête (anniversaire).

De plus, le livre inverse aussi les rôles, les lapins ne mangent en aucun cas de la viande car ils sont herbivores !

Les illustrations ne sont pas belles mais servent très bien le propos en imageant ce qui est difficilement transcriptible. Le vocabulaire employé est simple et est bien sûr centré sur l’alimentation : chasser, manger, nourrir, légumes… Il comprend aussi des jeux de lots « s’enfuir comme un lapin » et quelques rimes.

L’auteur : Michel Backès est né le 4 juin 1961 à Paris. Il aime dessiner depuis l’âge de 4 ans et en fait son métier d’abord dans la presse puis pour d’autres auteurs, avant d’écrire et d’illustrer ses propres livres. Ces derniers, très colorés, font toujours preuve d’humour, à prendre avec un peu de distance, à visée éducative mais ludique !

Dans nos sociétés actuelles, du fait de l’urbanisation et de la « modernité », nous sommes déconnectés du mode de production de notre nourriture. Et nombreux sont les enfants à ne pas savoir d’où proviennent tels ou tels aliments ou comment ils sont faits (étude de mai 2013 où 87% d’enfants (sur 910) de 8-12 ans ne savaient pas ce qu’est un poireau, que les frites sont faites avec des pommes de terre, …).

Le rapport à l’alimentation est tellement distancié et le produit tellement souvent manufacturé, qu’on en oublierait presque que le steak a un jour été un animal, doué de sensibilité.

Avez-vous remarqué que dans nombre d’histoires ou contes traditionnels, les références à l’alimentation et au champ lexical de l’acte « manger » sont quasi omniprésentes ? Dévorer, manger, avaler, cuisiner, cuire, marmite, soupe, ogre… (Petit Chaperon Rouge, Trois Petits Cochons, La Soupe aux Cailloux, Baba Yaga, La Petite Poule Rousse …) J’ai découvert il y a peu (non sans dégoût) que dans l’histoire originelle des Trois Petits cochons, le Loup tombe non seulement dans la marmite d’eau bouillonnante mais que les trois frères s’en délectaient ! Il est vrai que les cochons sont capables de manger de tout !

Ainsi, nous entendons ces histoires depuis « toujours » et derrière le sujet principal, le fait de manger de la viande, parfois de manière cannibale ou même antinaturelle ! Sans renier les portées morales de ces contes, je pense qu’il est temps et nécessaire de minorer ce « besoin » en nous reconnectant avec la et notre nature. J’y reviendrai dans un article ultérieur !

J’ai découvert d’autres livres (pas encore en ma possession) sur le végétarisme ou véganisme, notamment aux éditions l’Âge d’Homme (Ne nous mangez pas et Vegan is love). Si le végéta*isme vous intéresse, je vous recommande le site de l’Association Végétarienne de France qui constitue un excellent point de départ !

Bonnes lectures et bon appétit (bien sûr) !

Blandine.

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